Le pop’clip incunable de l’été : Cameo, « Shake your pants ».
Pochette aussi invraisemblable que l’énergie déployée par Cameo dans ce « Shake your pants » d’anthologie, l’album est sorti en 1980. © DR
< 04'07'08 >
Pop’clip : Le funk bling bling de Cameo

Cameo porte tous les signes identitaires du funk… cuivres acérés, rythmique incandescente et complexe, basses pulsatives, costumes à paillettes et contorsions de rigueurs. Côté déhanchements, « Shake your pants » est un peu le must du genre, agrémenté d’une chorégraphie ( !?) que même les Village People n’avaient pas osée. La comparaison avec le groupe Playmobil gay s’arrête là, car Cameo est probablement l’un des meilleurs groupes funk de son époque. Emmené par le batteur Larry Blackmon, le groupe traverse aisément le milieu des années 70 et les 80’s, gagne en technologie et perd sur la route plusieurs de ses membres. Jusqu’à la seule entité Blackmon aujourd’hui, que l’on s’offre pour des featurings de luxe, comme en 2003 en France, quand DJ Cam fit appel à lui.



« Shake Your Pants », clip déchaîné en diable, hélas incomplet (le titre original dépasse les 6 minutes), concentre le meilleur de Cameo et des deux albums « Cameosis » et « Fell Me » que sort le groupe dans la seule année 1980. Ce live simulé, comme beaucoup de vidéos de musiques dance à l’époque, tente de traduire avec autant de grotesque que de sublime une énergie qui de fait n’appartient qu’au corps. La version live, visible ici, a, concédons-le, moins de brio. Le funk, s’il peut vraiment se déchaîner sur scène (remember James Brown, Sly and the Family Stone, etc.), se fait musique de studio étoffée de technologies et ringardisée par ses mélodies pauvrettes. Cameo, l’une des exceptions de l’époque, même s’il a pu chuter de-ci de-là dans la mièvrerie, reste le garant d’un « monster funk » ainsi labellisé dans les bacs de disquaires british. Signe d’une exubérance et d’un caractère outrancier propre à bâtir les plus grosses légendes funk, dont la palme ne va d’ailleurs pas à Cameo, mais à l’épopée P-Funk, Parliament Funkadelic et consorts… un genre à lui tout seul, dont Cameo reste la filiation groovy distinguée.

jean-philippe renoult 

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< 2 > commentaires
écrit le < 04'07'08 > par < jn VsD hyperbate.com >
Je ne trouve pas que Cameo ait jamais sombré dans la mièvrerie. Ils ont eu tout un tas de mauvaises périodes vestimentaires ce qui est inhérent au funk (excepté Prince peut-être. Mais musicalement, bien que je doive confesser les avoir perdus de vue, je dirais qu’ils ne se sont jamais trompé. Pour je ne sais quelle raison, je les associe à Zapp : du funk tardif...
écrit le < 05'07'08 > par < jpr.renoult RQb laposte.net >

Bon commentaire… je l’approuve. Disons que le mot mièvreries s’applique à des ballades meli-mellow dans laquelle tout groupe funk y allait de son refrain sucré. Pas un disque fin 70’s début 80’s sans un quelconque appel à la romance. Cameo y fut donc aussi de son couplet sucrée, et, c’est vrai, avec moins de mièvreries que les autres, mais de façon volontaire quand même.

Quant à l’argument vestimentaire… il est indiscutable. C’était même un critère de qualité lorsqu’il s’agissait de piocher dans les bacs à soldes des disques à 5 frs dont personne ne voulait : plus le look était ringard, meilleur le disque risquait d’être. Zapp, pour vous répondre, décroche le ponpon et les paillettes sur cette catégorie.

Dire de Zapp et Cameo qu’ils sont d’une génération funk tardive me paraît plus discutable. Ils sont bien d’une seconde génération… la première étant celle de James Brown, puis Sly Stone, Funkadelic et quelques autres qui posent à la fois revendication et conscience Noire dans une musique ostentatoirement sexuelle et groovy. Pour autant, la suivante n’est pas un appauvrissement de la première. De fait en brandissant le kitsch et les paillettes, elle s‘émancipe et se dédouane de toute légitimité politique ou intellectuelle. Elle n’existe que pour elle et ses sensations premières. « Shake your Pants » l’illustre brillamment, tout comme pas mal d’autres trésors plus ou moins cachés de cette époque… J’y reviendrai si ça vous fait bouger le pantalon tout l’été.
— Jean-Philippe Renoult