Pierre Bastien & Régis Cotentin, dans le cadre du festival Seconde Nature, au Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence, le 14/09 à 20 h, entrée 8 €.
Pierre Bastien avec ses instruments bricolés qui font de lui un homme-orchestre entre électroacoustique et scène électro. © DR
< 14'09'07 >
Pierre Bastien, homme orchestre qui roule des meccano
Seconde Nature, le festival des cultures électroniques au sens extra large d’Aix-en-Provence, s’offre la Fondation Vasarely et le Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence en guise de terrain d’expériences sonores et visuelles. L’ouverture est toute symbolique, avec une rencontre inédite entre l’homme orchestre Pierre Bastien et le monsieur images Régis Cotentin. Cotentin avait déjà fait monstration d’une poésie visuelle toute particulière au côté du computer-guitariste autrichien Christian Fennesz, dans le même cadre de clémence méditerranéenne pour le festival Territoires Electroniques en 2005. Magie ! Là où beaucoup de VJ’s lassent dans leur sempiternelle quête graphique, Régis surprend ! C’est un auteur et ses images ne cajolent pas les conventions esthétiques du spectateur. Que l’univers fort de ce vidéaste croise celui de Pierre Bastien peut dérouter. En effet, les mondes de Pierre Bastien sont déjà remplis d’images, de constructions, d’installations et d’autres machins. Pourtant, Bastien ne fait que de la musique ? Oui, mais pas comme tout le monde. Enfant, son premier instrument est une guitare à deux cordes réalisée à partir des éléments du jeu Le Petit Physicien. Plus tard, il élabore sa première machinerie musicale grâce à un métronome qui frappe un coup sur une cymbale, un coup sur une poêle à paella. Ces expériences enfantines peuvent paraître dérisoires. « Elles le sont à peine comparées à mes premiers actes de musicien adulte », dit-il dans le numéro 7 de la revue « bon appétit, messieurs ! », qui lui est entièrement consacré en février 2004. « J’ai d’abord eu l’occasion de jouer du torchon de vaisselle, le maniant comme un fouet pour le faire claquer devant le micro, dans le disque de Jac Berrocal, “Parallèles”, sorti en 1976. » Précoce, mais pas pressé, Pierre Bastien sort en 1988 « Meccanium », son premier album sous son nom. « J’avais trente-cinq ans. Il y a des grands musiciens qui sont déjà morts à cet âge là. J’ai toujours fait de la musique, mais j’ai mis du temps à démarrer. Il me fallait construire mon orchestre ». L’expression « construire son orchestre » étant à prendre au pied de la lettre : en plus d’un instrumentarium classique (contrebasse, trompette…) ou exotique (marimba, piano à pouces…), Bastien construit des objets sonores à partir du célèbre jeu Meccano, qui évoquent autant les sculptures sonores de Jean Tinguely que les totems cybernétiques de Nicolas Schöffer ou encore les chimères de Raymond Roussel, dont il admire les livres « Locus Solus » et « Impressions d’Afrique ». « Il y aurait bien un mouvement que je pourrais dire décisif dans mes influences musicales, celui qui de Raymond Roussel à l’Oulipo s’est attaché à inventer des mécanismes de création - littéraire en l’occurrence. Mes machines, et les dispositifs sonores de nombreux autres musiciens contemporains, relèvent de quelque Ouvroir de Musique Potentielle, c’est-à-dire que nous cherchons toutes sortes de nouveaux moteurs à la production musicale, pour renouveler les anciennes techniques, les remplacer ou simplement les englober dans un système neuf. » Ces notions de recyclage, d’inventions, font de Pierre Bastien un musicien électronique avant l’âge. Né en 1953, entre les papys de l’électroacoustique et les jeunes loups de l’electro, il est repéré en 2001 par Aphex Twin qui lui signe un album (puis un suivant) sur son label Rephlex. Les Anglais, qui découvrent Bastien, pensent probablement qu’il s’agit d’un jeunot surdoué. Les Français, eux, ignorent tout simplement ce disque qui atteindra difficilement un succès d’estime chez quelques critiques pointus. Depuis, sa discographie s’est étoffée, mais peut-elle rendre compte de la dynamique photogénique des mécaniques de Bastien ? Pas sûr. Il est donc réconfortant que récemment, il se soit accaparé les planches de la Cité de la Musique, dopé d’un dispositif vidéo qui zoome sur les précieux instruments. Cette année voit aussi l’édition d’œuvres de jeunesses inédites, « Les Premières Machines : 1968-1988 ». On y entend notamment un « sans titre » bardé de percussions nonchalantes qui rejoint de façon inconsciente les recherches sonores sur l’accord parfait menées par le Californien Harry Partch. Une merveille enregistrée en plein Mai 1968… Pierre Bastien n’avait alors que 15 ans.
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commentaire
écrit le < 17'09'07 > par <
pascal.bely pcH free.fr
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J’ai vu Pierre Bastien lors de son concert à Aix en provence (Festival "Seconde Nature"). Magnifique performance dont je vous propose un compte-rendu sur mon blog:http://www.festivalier.net/article-12417211.html cordialement p.bély aix en provence
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