Pop’clip incunable : « Lovin’ You » de Minnie Riperton repris, parodié ou détourné, pour un retour en force de la chanson sentimentale.
Minnie Riperton chante en 1974 « Lovin’ You », une chanson sentimentale qui dégouline, qui déchire le cœur et qui fait un bien fou. © DR
< 13'12'07 >
Pop’clip, Minnie Riperton, mais elle donne le maximum d’amour
Mielleuse à souhait, « Lovin’ You » est une chanson déchirante aux paroles insurmontables de banalité amoureuse et donc d’universalité. L’amour, toujours l’amour, mais à jamais une chanson sublime de Minnie Riperton, une chanteuse qui l’est tout autant. Alors, certes, rions un bon coup à la vue de ce scopitone garanti live, avec fleurs dans les cheveux et couleurs pastels en prime. L’aura de Minnie Riperton est énorme. D’abord au sein du groupe 60’s psychédélique et soul Rotary Connection, puis en solo. Avec ses cinq octaves dans la voix, Minnie est la meilleure chanteuse de son temps, et pas seulement dans le registre sentimental dont « Lovin’ You » reste le paradigme parfait. Rotary Connection, tout comme Minnie, excellaient de finesse dans une musique soul cadencée de tempi funk et métissée de pop psychédélique. Ce qui la mettra en avance incontestable sur son temps, mais aussi de facto, à l’écart de divas plus expressives comme les panthères feulantes Betty Davis ou Tina Turner (1ère période). Ce sera donc, une fois de plus, les adeptes du sampling qui lui redonneront vie une génération plus tard. Les rappeurs élégants de A Tribe Called Quest les premiers. Etonnamment, The Orb en 1989, pour leur hit épique « A Huge Ever Growing Pulsating Brain That Rules From The Centre Of The Ultraworld » alors au sommet de la rave culture anglaise. Puis une cohorte d’artistes house, et notoirement les Masters At Work et Nuyorican Soul dont la reprise sans bavures de « Black Gold Of The Sun » n’est qu’une copie conforme de l’original 25 ans plus tard. Mais revenons à « Lovin’ You », l’unique grand succès de Minnie Riperton, premier au Billboard américain en avril 1975 et deuxième dans les charts britanniques. Bien plus qu’un classique, la chanson est devenue un symbole. Du coup, certains n’hésitent pas dans les adaptions les plus étranges, les hommages les plus dévoyés. Bien sûr, les parodies iconoclastes, ou pas, fleurissent sur le Net. Ici, la version d’une bambinette de trois ans pour sa maman. Un presque juste retour des choses, puisque initialement, la base mélodique de « Lovin’ You » était une ritournelle que Minnie chantait à sa fille Maya pour l’endormir. Là, le détournement potache, mais bien foutu, pour une idylle masculine. Dans le même registre, on trouve dans le final du 104e épisode de South Park, Big Gay Al’s Big Gay Boat Ride, une citation dont voici ici le script complet, à défaut du film qu’il vous faudra pêcher vous-même et en toute légalité. Enfin, le plus déchirant, par Minnie elle-même, pour un spot télé contre le cancer du sein. Atteinte de la maladie, les dernières années de Minnie furent une longue lutte et un engagement constant contre ce cancer qu’on soignait alors mal. Elle en meurt en 1979. Depuis, toutes les Maria Carey à la voix haut perchée lui disent merci, sans pour autant lui arriver à la cheville.
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