Pop’clip incunable : Os Mutantes, fer de lance du psychédélisme 60’s à la sauce tropicaliste.
Os Mutantes : les frères Arnaldo Baptista (basse, claviers et voix, à g.) et Sérgio Dias (guitares et voix, à dr.) et la chanteuse Rita Lee. © Folha Imagem
< 26'03'08 >
Pop’clip, le tropicalisme mutant d’Os Mutantes
Os Mutantes, les Beatles brésiliens disait-on à l’époque ! Emmené par les deux frères Baptsista et la chanteuse Rita Lee, Os Mutantes est un prodige à fois pop et d’avant-garde qui met du psychédélisme dans la MPB (Música Popular Brasileira). Toujours, même dans les franges les plus radicales, la chanson est là. La contestation, la vraie, on la réserve à la junte politique en place, pas aux vieilles diva de la bossa. Peut-on faire mieux que les Beatles ? Oui, si l’on en croit cette vidéo : les fans crient plus fort. Le son et l’image sont pourris, certes, mais le phénomène est là. Psychédélisme, tape music, ondes Martenot (un ancêtre du synthétiseur) et bruits industriels côtoient guitares et bandonéons. Os Mutantes est le groupe le plus flamboyant d’un néo-genre qui apparaît en 1968, le tropicalisme, d’où se dégageront d’autre figures comme Caetano Veloso, le Bob Dylan brésilien et père du néologisme « tropicalia », Tom Zé et, bien sûr, Gilberto Gil, actuel ministre de la Culture au Brésil. Ne nous y trompons pas, derrière ce sobriquet exotique et chaleureux se cache un mouvement de toutes les radicalités et modernités. Alors que les Brésiliens perdent leurs droits civiques en 1968, les artistes tropicalia exercent un véritable contre-pouvoir (certains seront emprisonnés). Pour toutes ces raisons, beaucoup voient en Os Mutantes le meilleur groupe psychédélique de tous les temps et de tous les continents. David Byrne est l’un des plus élogieux. Dans les notes de pochette du CD best of qu’il édite sur son label Luaka Bop en 1999, il écrit : « Ils étaient exactement ce que dit leur patronyme : une mutation génétique de John Cage, des Beatles et de la bossa nova. Une créature trop belle et trop étrange pour survivre, trop forte pour disparaître. » Avant lui, en 1993, une icône de la contre-culture américaine au faîte de son art avoue son admiration pour le trio et met la main à la poche pour favoriser une éphémère reformation, il s’agit de Kurt Cobain. Depuis, la radio du MoMa à New York, WPS1, leur a consacré un spécial et leur « anthem » « Bat Macumba » est repris sur scène par Of Montreal à grand renfort de guitares tordues… Enfin, Os Mutantes se révèle au monde. Devenu à juste titre une référence musicale absolue, Os Mutantes serait aussi, et de la manière la plus improbable qui soit, un initiateur de l’art multimédia ! En 1968, la société pétrolière Shell confie au groupe musique, rôles et réalisation pour une campagne de pub totalement ubuesque, qui cite le western et « Don Quichotte », les années folles et la surf music… Le tout en 2 mn 45 de montage sonore et visuel surréaliste… Des vrais mutants on vous dit ! Finalement, la reformation des Mutantes est effective depuis 2006. Un album live enregistré à cette occasion au Barbican Theatre de Londres vient de paraître et il est même en écoute ici.
No more future pour Ari Up, chanteuse des Slits
L’émoi EMA « BBMix ose les groupes cultes d’hier, d’aujourd’hui et de demain » Nîmes, deux jeunes artistes à revers L’art d’éditer l’esprit libre avec do.doc |