Il est loin le temps où une petite dizaine de blogs musicaux faisaient la pluie et le beau temps sur le Web. On croule aujourd’hui sous le nombre de propositions et on peine à s’y retrouver tant la blogosphère a explosé en une myriade de sites ultra pointus, travaillant toutes les niches musicales ou presque. Pour ne pas surfer dans son clan et garder les oreilles ouvertes, pop’sélection de rentrée de nos incontournables.

Said The Gramophone fait figure de vétéran. Le Canadien Sean Michaels l’a lancé en 2003 et s’est fait une spécialité du songwriting (mais pas seulement), proposant quotidiennement des articles fouillés et bien menés sur des groupes le plus souvent inconnus (mais pas pour longtemps). Avec des MP3, évidemment. A consulter également, le plus rock mais tout aussi défricheur Gorilla vs Bear, écrit entre Detroit et Dallas, spécialisé lui aussi dans les découvertes de groupes minuscules et pas encore lancés. Sur le Web depuis 2004, 20jazzfunkgreats est la référence pointue et barrée qui monte. On y parle ces jours-ci aussi bien d’Underground Resistance que de Crystal Castles (des Canadiens dont on attend beaucoup) ou de toute la scène inspirée par Animal Collective. Chic et tendance.

A suivre aussi, Obscure Sound, créé par Mike Mineo. Un blog très fouillé et très divers (jetez un œil à son Top 10 2007, vous verrez), des compilations à télécharger et un vrai truc dans l’écriture. Enfin, le blog star de 2006, You Ain’t No Picasso, s’il fait moins figure de tête chercheuse qu’à ses débuts, demeure parfait pour savoir ce qui est branché et ce qui ne l’est plus. Motel de Moka, un conglomérat d’une douzaine de blogueurs du monde entier (Mexique, Chine, Pays-Bas, Pologne, Etats-Unis…), fait dans le mélange des genres. On y passe du coq à l’âne avec plaisir, étonnement, agacement. A consulter compulsivement. Son pendant francophone pourrait être Alainfielkrautrock, le blog de d-i-r-t-y, l’adresse que tout le monde s’est refilée en 2007. Des posts variés, drôles et malins qui ouvrent pas mal de perspectives, piochant autant dans le « balearic breakcore », les « codeine disco beats », le « south-italo disco » ou la « musique de secte », selon les catégories maison. A noter encore, les sessions de Daytrotter qu’on a déjà évoquées ici, site opportunément basé à Rock Island, à la ligne éditoriale quasi sans-faute (americana, folk, rock intelligent, liste non-exhaustive) et au superbe design.

N’oublions pas non plus « l’ancêtre » Pitchfork (fondé en 1995 !), rendez-vous obligé de la blogosphère musicale. Plus webzine que blog, ce site basé à Chicago propose des chroniques, des news et des MP3 évidemment. Bref, tout ce qu’il faut pour se repérer dans le maquis du rock indépendant des Etats-Unis et d’ailleurs. Le même genre de sites a fait son apparition dans l’électrosphère. On vous conseille de visiter sans modération Samurai FM, ses mixes et ses radios thématiques, ou son cousin Resident Advisor, regorgeant d’interviews pointues, de DJ-sets à podcaster mêlant habilement stars et nouveaux venus.

Bien sûr, tous ces sites proposent des liens, sur lesquels on peut surfer à loisir pour dénicher les pages de ces fous furieux qui encodent toute leur discothèque vinyle et font resurgir des raretés hautement recommandables comme cette compilation de rock cambodgien sixties. Pour trouver son bonheur, une seule adresse : The Hype Machine, qui recense quotidiennement tous les nouveaux posts des audioblogs. Largement de quoi occuper les nuits d’insomnie.

benoît hické et matthieu recarte