Poptronics a fait le déplacement à Strasbourg pour la dixième édition des Nuits électroniques de l’Ososphère, le week-end dernier. Un marathon éditorial et graphique, qui débouche sur l’édition de deux objets fabriqués et distribués pendant ces nuits. Lulla était du voyage, comme stagiaire et observatrice de premier plan. Nous lui avons demandé de faire le récit de nos aventures.
Une partie de l’équipe "dépiaute" les "Dernières nouvelles d’Alsace", tard dans la nuit de samedi à dimanche à Strasbourg, pour en retirer le "Pop’lab journal ososphère". © Valentin Lacambre
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Poptronics à l’Ososphère, le making of
(Strasbourg, envoyée spéciale) 25 septembre, Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg. Le démarrage de l’opération poptronics au festival strasbourgeois de l’Ososphère sent le souffre. Dans les locaux désertés (la rentrée n’a pas encore eu lieu), l’équipe du site entame sa collaboration avec six étudiants de quatrième année. Tout ce petit monde doit se déplacer dès le lendemain sur les lieux du festival. C’est en plein cœur des Nuits électroniques de l’Ososphère, dans le quartier populaire de La Laiterie, que deux objets seront distribués au petit matin aux festivaliers : une affiche recto-verso la première nuit et le journal des Nuits de l’Ososphère, rédigé à chaud, la nuit suivante. Les deux affiches sont dédiées à deux invités de l’Ososphère cette année, l’artiste Vincent Elka, dont l’installation « Sho(u)t » reprend, plein cadre, le visage expressif interagissant avec la voix des visiteurs, et le collectif Mu, qui achève à Strasbourg son European Sound Delta, périple d’art sonore sur Rhin et Danube. Mais pour en arriver là, que de méandres ! La directrice de publication, Annick Rivoire, enchaîne coup de téléphone sur coup de téléphone dans les couloirs vides de l’école, pour se sortir d’un rebondissement de dernière minute. En cette veille du festival, chacun doute sincèrement des chances d’accomplissement du projet, et pour cause : il faut trouver un nouvel imprimeur… Alors que le directeur artistique, Christophe Jacquet dit Toffe, travaille les affiches avec les étudiants strasbourgeois, le format et le support de celles-ci change d’heure en heure. Ce jeudi est donc marqué par un doute constant et, partant, par une réelle instabilité du projet. Au début de l’après-midi, il est question d’encarter les affiches dans deux journaux différents, un pour chaque nuit. A 21h, la réalisation change de nature : il faut trouver une solution pour concevoir deux objets différents par leur format et leur support (papier brillant et papier journal) puisqu’entrent dans la danse deux imprimeurs, un par soir, avec chacun leurs formats et contraintes spécifiques… Décision est prise de réaliser une affiche double face sur papier brillant le premier soir, et le journal des Nuits sur papier journal le lendemain. Les trains passent, poptronics s’affaire Dès son installation sur les lieux du festival, au cours du vendredi 26, le groupe œuvre à la finalisation des affiches, au rythme régulier des trains qui passent derrière le bâtiment. A la nuit tombée, les portes du festival s’ouvrent. L’excitation monte déjà au sein des premiers concerts qui vont alors se faire écho entre six lieux, et ce, jusqu’au lever du jour. Dans des espaces drapés de noir, plus calmes, les installations numériques s’offrent aux spectateurs. Bientôt, au local attribué à poptronics, on finit l’affiche. Une imprimerie reste ouverte toute la nuit pour l’occasion. A 4h du matin, 2000 exemplaires arrivent sur le site, alors que les installations numériques viennent de fermer et que les salles de concerts se sont transformées en dancefloors géants. Premières distributions par l’équipe, à l’exception de ceux qui sont partis capter l’enthousiasme ambiant à travers leurs objectifs en vue du journal à paraître la nuit suivante. Sous le soleil lumineux du samedi, le site de l’Ososphère a une tout autre allure : à l’entrée, les œuvres sur écran sont empaquetées dans des sacs, projections arrêtées, les salles de concert sont vides, aucun bruit. Pourtant, derrière une baie vitrée rouge vif, la radio éphémère de l’Ososphère continue d’émettre, avec interviews d’artistes et débats d’experts. Au local poptronics, l’affiche « Sho(u)t » de Vincent Elka trône déjà. Sur la partie gauche de la porte, les photos imprimées en noir et blanc sont scotchées là pour ne choisir que les meilleures : un festivalier porte des lunettes blanches géantes, à ses côtés, une photo du regard noir d’un membre de Crystal Castles, un peu plus bas, l’ordinateur décoré d’une croix d’un musicien de Pivot. Bouclage à 1h du matin... Le collectif est déjà au travail : il s’agit de terminer la maquette du journal, de rédiger les textes à chaud, de choisir parmi les images capturées la veille ou d’en faire de nouvelles. Le « pop’lab journal ososphère » n’a que quelques heures pour être bouclé avant la « deadline », l’heure à laquelle l’imprimerie du quotidien régional, les « Dernières Nouvelles d’Alsace » (nom de code : DNA) attend le fichier, à 1 heure du matin. Il s’apprête à faire écho aux thèmes abordés dans les affiches distribuées la veille. La nuit tombe et la tension monte. Les paquets de chips sont nerveusement vidés, les canettes s’empilent à l’entrée et l’heure tourne. Chacun reste concentré sur ce qu’il a à faire mais reste à l’affût des derniers événements en cours. Pas le temps de descendre dîner ce soir, des assiettes à emporter, délaissées à moitié vides, se superposent sur une table. 00h55 : le journal doit être envoyé à l’imprimerie. Ils sont tous là, réunis autour d’un unique ordinateur où sont rassemblés, à présent, tous les fichiers. Thomas, des Arts déco, tape sous la dictée les toutes dernières corrections de ses doigts tremblants. Enfin, cinq minutes après la « deadline », le fichier est envoyé... « C’est collector ça, non ? » Il faudra attendre 4h du matin pour que les 3200 exemplaires des DNA spéciales poptronics arrivent dans le coffre d’un camion blanc, à l’entrée de l’Ososphère. Le pop’lab est glissé au sein du dernier cahier Strasbourg. Une dizaine de personnes se rassemble alors pour les extraire. Cinq festivaliers éméchés s’assoient et s’étonnent de cet amas de journaux à la bordure pixélisée noire et magenta qui sort du journal local. Il fait très froid. Les festivaliers forment de petits groupes pour se tenir chaud. A chaque exemplaire distribué commence un échange. Au « c’est quoi ? » méfiant, suit pour certains un « incapable de le lire maintenant », d’une voix chargée d’alcool. A peu près dans le même état, un groupe entier déclare qu’il le « garde pour le petit déjeuner », chacun le roulant consciencieusement dans son sac. D’autres le voient comme un « souvenir de ce festival trop bien », déjà dans le récit de ce qui leur a plu cette nuit. Quand les festivaliers apprennent que le journal vient d’être rédigé en temps réel et de sortir de l’imprimerie, certains ferment les yeux et respirent l’odeur de l’encre. D’autres demandent : « C’est collector ça, non ? » Pour les étudiants en quatrième année aux Arts Déco, « à la différence du reste de l’année, ce travail avait pour débouché non pas la laser-jet mais l’imprimerie ». Du concret, donc. Et surtout, « un travail d’équipe permettant une confrontation d’idées », selon Vincent. Pour Uxue, c’est une autre confrontationqui était intéressante, celle entre la conception et le contenu : « A l’école, nous avons l’habitude de travailler sans véritable contenu rédactionnel », explique-t-elle avec un léger accent basque. Entre performance graphique et jonglage en temps réel de l’équipe rédactionnelle, le pop’lab ososphère est de fait un média dans l’esprit des Nuits électroniques.
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