RosaB, web-magazine commun à l’Ecole des beaux-arts et au CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux (33). Premier numéro en ligne depuis le 31 janvier.
Capture d’écran du site RosaB, nouvelle revue d’art en ligne. Graphisme signé Didier Lechenne. © DR
< 18'02'08 >
RosaB, nouvelle revue d’art en ligne

(Bordeaux, de notre correspondante)

Un site qui veut faire exister « une écriture critique réellement innovante » sur le Web, ça se fête. RosaB, nouvel espace numérique commun à l’Ecole des beaux-arts et au CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux, s’extirpe du formatage rédactionnel et graphique du portail officiel de la mairie de Bordeaux. Utile fenêtre numérique regroupant enfin les informations artistiques des deux établissements, RosaB dépasse le seul portail d’actualités évènementielles.

Le site tire son nom de la peintre bordelaise Rosa Bonheur qui, homosexuelle et garçon manqué, vécut il y a un siècle une existence hors normes (saluée à sa juste mesure dans « Femmes artistes, artistes femmes »), obtenant notamment des autorités policières l’autorisation de se travestir en homme pour fréquenter les foires aux bestiaux (interdites aux femmes) et ainsi perfectionner son art du bestiaire… Pour poursuivre cet idéal de vie décalée et sortir de la convention, les deux institutions ont fait appel au graphiste Didier Lechenne, membre de DesignLab. En connivence avec Ma-asso (encore eux ! !), ce défenseur du graphisme « made in France » annonce la couleur dès la page d’accueil : un jeu graphique sur fond de superposition d’images.

Les différentes fenêtres se superposent en un jeu de cache-cache maîtrisé par les glissements de la souris de l’une sur l’autre. Didier Lechenne dit avoir « essayé de scénariser, de mettre en scène les différentes composantes de l’interface : ne pas tout donner à lire ou à voir, en même moment, au même niveau ». Sous l’éternel schéma du cacher/dévoiler de l’érotisme, on farfouille entre les strates avec aisance. Même quand, dans l’article consacré à Stuart Bailey (graphiste américain et éditeur de la revue « Dot Dot Dot »), la superposition prend la forme de l’accumulation, son système graphique fonctionne encore. La lecture se fait entre les multiples images à agrandir, à déplacer, qui se sont éparpillées sur la page.

Texte, image, vidéo et son se mêlent avec fluidité dans l’environnement multimédia, tant dans le sens que dans l’interface. Le numéro 1 a été pris en charge par Thomas Boutoux, enseignant associé à l’Ecole des beaux-arts, éditeur indépendant avec Metronome Press et fondateur de la galerie-librairie castillo/corrales à Paris. Cette parution tri-annuelle est conjointement réalisée par les équipes des deux institutions qui ont choisi pour ce nouveau-né le thème de l’édition. Les sujets abordés mettent en avant les graphistes Mark Manders, Roger Willems, le romancier activiste américain Matthew Stadler et le philosophe allemand Friedrich Kittler. Une nouvelle URL qu’on recommande vivement, donc.

aude crispel 

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