Retour sur « Holiday », performance nouveaux médias du collectif spat+loogie au festival australien Next Wave, qui s’est tenu du 15 au 31/05 à Melbourne.
Bouger sans les inconvénients du voyage en avion… mais avec plateau repas compris. © spat+loogie, holiday, 2008
< 11'06'08 >
Voyager sans bouger, ça vaut le déplacement

Toi aussi tu détestes les voyages ? La trouille de l’avion, d’attraper des amibes, de quitter ton ghetto du 11e ? De te cogner les conversations des compagnons de déroute (« tain, t’as vu les mecs ici, y sont maquillés », comme entendu un jour en Egypte de la bouche d’un gars de chez nous sobrement vêtu d’un short et de ses tongs face aux splendeurs millénaires d’une civilisation etc.) ?

Eh bien voilà une heureuse alternative au CD-ROM sur le pays ou pire, à la triste contemplation des catalogues de voyagistes (ah, le site de Promovacances, et tous ses délices onlincludaide) : grâce à deux artistes australiens, du collectif spat+loogie,, qui n’ont pas peur de mélanger l’utile à l’agéable, le pognon à l’art, on peut faire le tour, par exemple, de l’Australie en 30 minutes. L’auteur de ces lignes en serait tout à fait ravie, imagine un peu 24h d’avion (et de plateaux repas), les coups de soleil épouvantables, le bush avec pas un rade ouvert...

La semaine dernière, on digresse on digresse, mais on y arrive, ils ont présenté dans le cadre du Next Wave Festival (quoi, c’est quoi comme festival ?), la performance « Holiday », consistant donc en vacances virtuelles de 30 minutes (c’est un peu la limite du truc, moi j’appelle ça une micro-sieste, pas des vacances). Pour 10 dollars australiens (environ 6 euros), on se cogne une, je cite, « aventure multisensorielle » permettant de visiter les sites « incontournables » du pays. Comment ça marche ? Eh bin on peut partir à douze (genre enterrement de vie de garçon, je vois bien le truc), avec formalités d’embarquement, contrôle de sécurité (fouille au corps, hein dis ?), et retirage de godasses avant de s’installer dans le siège d’avion. Non pas parce que les pieds gonflent en altitude, mais parce que quand tu vas aller marcher dans le sable virtuel de la plage de sable fin de l’arrière-pays, les accompagnateurs parsèment des grains de sable sur les pieds et pulvérisent de l’eau autour (les embruns, fais preuve d’un peu d’imagination, à la fin).

Ça, c’est évidemment après les consignes de sécurité et la mise sur le nez des lunettes vidéos qui t’envoient dans les destinations virtuelles, style au beau milieu du bush, dans une forêt, à la mer etc. On a même le plateau repas, avec, précise l’une des responsables du non-voyage du collectif spat+loogie, des emballages aux senteurs idoines : crème solaire pendant la balade sur la plage, eucalyptus dans le bush : ça s’appelle du smell o vision (odoro vision). On le voit, le projet fait appel, je cite, « à tous les sens », même si l’absence de Guili le kangourou est à déplorer. Vivement le ski virtuel avec odeur de raclette.

emmanuèle peyret 

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