Exposition « Glasnost Dead », jusqu’au 31/10 à Nantes, avec manifestations satellites, entrée libre.
Ce 24/10 à 20h30, récital pour piano et voix de Mariana Delgadillo et Mauricio Arancidia (piano) et Alina Delgadillo (chant), le 25/10 de 19h à 9h « Une nuit blanche d’encre : Salve slave, hommage à la littérature russe », proposée par l’association de promotion de la lecture O’Librius, avec banquet (russe, forcément), 5 € sur résa au 02.40.47.61.77 ou sur olibrius@o-librius.com. Enfin, le 31/10, grand bal populaire et masqué Pol’nskaïa à 21h. Pol’N, Pôle de compétences culturelles et artistiques, 11, rue des Olivettes, Nantes (44).
A l’ouverture de Glasnot Dead à Nantes, devant les balançoires à matriochkas. © Guillaume Joly
< 24'10'08 >
A Nantes, les graffeurs voient rouge

(Nantes, envoyée spéciale)

Ils sont nés après le Mur de Berlin, et même après la Glasnost et ce dégel historique qui a bouleversé l’histoire, la Guerre froide et toutes ces choses. Ils ont moins de 25 ans, sont issus de la culture du graffiti, pochoiristes, graphistes, illustrateurs, réunis dans une association nantaise qui propose aussi bien de repeindre votre camion que d’organiser des expositions. Et précisément, « Glasnost Dead » est une première exposition collective, sise à Pol’N, un de ces lieux simili-alternatifs dont Nantes a le secret (une ancienne fabrique, un lieu commun partagé par de multiples associations culturelles qui l’occupent et parfois l’investissent pour des programmations variées). Et « Glasnost Dead » est une heureuse surprise dans cet univers graphico-graffitiste qui a toujours un peu de mal, même si le marché de l’art les encense enfin, à produire du sens à l’intérieur de murs que les graffeurs préfèrent généralement recouvrir clandestinement.

Glasnost et communisme remixés

C’est une réussite parce que l’énergie de la rue, les membres du collectif nantais 100pression (Kazy, The Postman Quartet, Ringar72 et The Blind) l’ont gardée intacte dans cette fabrique faussement et artificiellement vieillie, pour lui donner cette patine propre aux lieux chargés d’histoire. Comme ils ont encore cette fraîcheur qui leur permet de s’attaquer à une iconographie pourtant chargée, lourde d’arrière-pensées et de propagande. Leur âge les aide à dépasser les clichés et leur talent mis en commun leur donne ce soupçon d’irrévérence qui remixe Glasnost et communisme dans un même ensemble, Russie éternelle et Tchernobyl, datchas et matriochkas, AK47 et Kalachnikov.

D’où leur vient cette énergie ? D’un voyage septentrional, à traverser la Pologne et la Russie, à prendre le Transsibérien et à découvrir le poids des signes et symboles rouges : la Kalach, les uniformes de l’Armée rouge bradés au bord des routes, la Russie déglinguée en pleine déliquescence publique qui côtoie la permanence d’une culture graphique qui puise ses sources notamment dans la beauté de son écriture en caractères cyrilliques. Et les amis graffitistes nantais livrent leur vision fantasmatique, naïve, historiquement idéale, en s’accompagnant et invitant une trentaine d’artistes graphistes ou/et graffitistes comme eux, autour d’un projet « pied de nez aux toyz », comme le rappelle Armand Brard, le coordinateur de Pol’N, qui consiste à rhabiller graphiquement les matriochkas, ces poupées russes en bois peint qui s’emboîtent les unes dans les autres.

L’ours et les poupées

Si d’entrée, le visiteur est accueilli par l’ours effrayant et géant en papier mâché, recouvert de caractères cyrilliques, conçu par la Nantaise Marion Jdanov, l’installation des matriochkas, sur des planchettes façon balançoire, n’a rien d’effrayant. Au contraire, malgré les graphismes parfois gore, hardcore, et plutôt tranchés dans l’ensemble (The Milk Lady, Rocky, Mioch, Pulko Lysian, Les Frères Ripoulain…) ces matriochkas revisitées (l’une d’elles est en Terminator, d’autres affublées de squelettes entre Bibendum et Barbapapa) sont réjouissantes. Surtout, de salle en salle, de pochoirs en peinture, de reconstitution de datcha (avec photos prise au long du parcours par Guillaume Jolly) en affiche pour « excursions à l’AK47 » (une reprise du réel, pour le coup), c’est le collectif qui se met en scène. Les créations de The Blind (l’un des plus talentueux sans conteste, qui colle ses boules blanches en braille sur les murs des édifices publics, avec un commentaire acide, type « Vu et revu » au Trocadéro face à la Tour Eiffel) chevauchent celles de Kazy. Dans cette « Russian Woman » géante et renversée, signée Ryngar 72, The Postman Quartet, Gratos, Kazy et The Blind, difficile de distinguer qui a fait quoi.

Du collectif, pas du collectivisme

La variété des styles abordés (typo, graffiti, affiches, pochoirs, sérigraphie, photo, films d’animation russes de l’époque soviétique…) participe également de la réussite de l’ensemble. Comme si, sans verser dans l’idéologie communiste, nos jeunes artistes en avaient conservé l’utopie pas forcément dépassée d’une certaine solidarité. Du collectif, pas du collectivisme. Comme l’annonce le programme : « Ensemble liquidons octobre 2008 ! Ensemble défendons l’intégrité territoriale de nos imaginaires ! Réappropriation des moyens d’expression, prenons les arts, les armes et l’argent où ils sont ».

L’exposition devrait tourner à Paris et ailleurs. Encore une bonne nouvelle… Et parce que ces graffeurs nantais ont un vrai talent, ils ont aussi imaginé une programmation satellite, de cinéma (« Le Tombeau d’Alexandre », 1993, le film de Chris Marker consacré au cinéaste russe Alexandre Medvedkine), de concerts (récital au piano et voix de musique russe), d’ateliers de sérigraphie, ou de grand bal masqué avec orchestre tzigane. Que du bon.

annick rivoire 

votre email :

email du destinataire :

message :

< 5 > commentaires
écrit le < 28'10'08 > par < a Ga8 a.us >

merci les os gemeos pour le mur peint.. merde encore un collectif de plus de post graffeur... post post post neo post anti graffeur ça le ferait pas.. ?

les jeunes changez de siècle sinon flinguez vous et laissez la place !

a_

ps : annick rivoire, il est temps que tu te cultives un peu niveau street prout avant de glorifier le sur vu.

écrit le < 28'10'08 > par < annick.rivoire cA3 poptronics.fr >

Le sur-vu ? Je ne prétends pas à avoir une culture exhaustive du street art ou post ou néo ou side-art que sais-je encore. Ce que j’ai vu à Nantes, c’est une nouvelle génération, qui manie pochoirs, bombe, peinture, céramique, typo, photo et même sculpture, à l’aise avec tous ces médias, qui en joue et rejoue donc de ces codes et rafraîchit singulièrement la perspective. Et qui a pensé à l’objet exposition (ce que je ne retrouve quasi jamais dans une expo estampillée street-art).

Faudrait aussi voir à ne pas considérer que tout a été fait et que plus rien de neuf sous le soleil n’apparaît, une forme de vision limite réac de la création contemporaine...

écrit le < 28'10'08 > par < b 4Zr b.com >

le mixed art c’est un moyen détourné de ne pas se confronter à la création pure et dure.

quand on a rien à dire on fait compliqué pour cacher le vide.

voire la world music...

et puis ce genre ’je viens du graffiti’ est déjà un stéréotype par lui-même. ils nous fatiguent ces jeunes nostalgiques.

Si au moins ils étaient punks. Ben non.. ils sont pop shit.

écrit le < 22'12'08 >

"si au moins ils étaient punk" pfff... au secours la nostalgie de la punkitude hyper branchée à la agnès b... et stop aux vieux cons qui la jouent "les jeunes sont trop cons etc’"

On peut prendre les paris pour voir si dans 30 ans, les "vieux" du post-graff ne seront pas eux aussi transformés en hyper-hypeux du moment.

écrit le < 13'03'09 > par < contact cB3 100pression.com >
Wahou... Encore un post ??? T’as fait du pré ??? J’crois m’souvenir de ta maman, j’l’ai eue en initiation...graff !!! T’as vu, je reste correct ; bref encore un type qui s’la branle au fond de sa chambre payée par le couple marital... En attendant tu pignes à Manpower pendant qu’on en vit, tu sens le frustré. Et sinon, tu peins depuis combien de temps, j’oscille entre 6 mois et 3 ans aka la branlette !!! Bon, quand t’auras des remarques constructives et critiques avec un réel argumentaire, tu nous parleras... Au final : un anonyme qui le reste, et en face un collectif indépendant et qui ne bosse pas à l’usine ; je vais être dur mais reste à l’usine tant que tu ne trouveras pas à t’épanouir dans ta voie (et si c’est pas le cas, c’est que tu t’y prends vraiment mal et que tu es mal entouré...). Et es-tu sûr de pouvoir nommer les membres de 100 Pression ?? Nan nan... A bientôt pour une réponse... Real niggaz do real thingz and neva wait 4 da happening (et tu sais même pas qui a dit ça !!!). http://100pression.blogspot.com Et là tu sauras...