Une soirée entière à écouter parler du design sonore dans son versant le plus avant-gardiste, le design interactif, c’est le programme concocté par Xavier Collet ce jeudi soir à l’Ensci (l’école nationale supérieure de création industrielle). Et bien que la soirée affiche complet depuis une dizaine de jours déjà, on pourra toujours en avoir un aperçu (audio, comme il se doit), grâce aux interviews réalisée en amont des invités, Jean-Jacques Birgé (dont poptronics ne se cache pas d’être fan, voir son pop’lab ici ou ses interventions là), artiste sonore, touche-à-tout éclectique et compositeur émérite, et Nicolas Misdariis, chercheur en perception et design sonores à l’Ircam. Au programme de cette soirée proposée par les Designers interactifs (une association qui réunit des professionnels pour « organiser et promouvoir les métiers du design numérique »), quelques écoutes guidées, des débats autour de l’avenir du son et de son design dans « un monde d’objets connectés », des relations « image-son dans les dispositifs interactifs ». Sera également présent Roland Cahen, compositeur électroacoustique et chercheur en art sonore appliqué qui restituera le projet Enigmes (Expérimentation de Nouvelles Interfaces Gestuelles pour la Musique et le Son), élaboré avec les étudiants de l’Ensci. Les chanceux inscrits au préalable assisteront à la conférence plutôt performative de Birgé qui intercalera ses propos d’interventions des fameux lapins Nabaztag.

Jean-Jacques Birgé promène en effet avec succès son « Nabazmob », l’opéra pour 100 lapins communiquants réalisé avec Antoine Schmitt de Nuit blanche en festival. Il interviendra sur la façon dont on use et abuse des systèmes communiquants existants en tant que créateur allumé. Les Nabaztag sont un succès commercial, pas uniquement en France, et attirent comme des mouches sur le pot de miel les aficionados de supergadgets communiquants. Birgé et Schmitt ont cependant réussi à dépasser cet attrait un peu benêt pour le lapin aux oreilles colorées et mouvantes qui vous donne des messages d’amis, sert de pense-bête et commence aujourd’hui à communiquer avec tout un tas d’objets domestiques (avec toutes les réserves que ces nouvelles technologies comportent). Tandis que Birgé a composé à partir des sons à disposition sur les lapins et des paramètres disponibles, Schmitt les a programmés pour qu’ils « interprètent une pièce de 24 minutes comme un pianiste jouerait à chaque représentation différemment du Beethoven », explique Jean-Jacques Birgé,. Depuis le succès de la dernière Nuit blanche, l’Opéra ne cesse de tourner ici et là, et nos deux compères imaginent ensemble le moyen de continuer à s’amuser : une autre composition est à l’étude, et la version installation sera présentée tout l’été au Musée des Arts décoratifs à Paris, dans le cadre de exposition Musique en jouets. On y verra également quelques-unes des formidables machines de Pierre Bastien, les instruments de musique bricolés de Pascal Comelade ou encore un échantillon de la collection de synthé-jouets d’Eric Schneider.