« Criticat », revue bisannuelle (printemps/automne), numéro 1 en vente sur le site, dans des librairies spécialisées, 14€ le numéro 1, abonnement d’un an (deux numéros) 25€.
Dans « Criticat » un large dossier sur les tours à Paris. Ici le premier gratte-ciel de la capitale : la tour Croulebarbe dans le 13e. © DR
< 25'03'08 >
« Criticat », une nouvelle revue qui monte dans les tours
Delanoë réélu, le débat sur les tours à Paris devrait logiquement reprendre de plus belle, le (mauvais) score des Verts renforçant les tenants d’une architecture verticale pour lutter (entre autres) contre les problèmes de densification urbaine. Lancée juste avant les élections municipales, la toute nouvelle revue « Criticat », malgré sa périodicité bisannuelle (printemps/automne), met les pieds dans le plat de l’actu qui fâche, entre urbanisme et architecture. C’est une des qualités de cette revue papier qui tranche avec les traditionnels magazines spécialisés s’adressant soit aux architectes, soit aux urbanistes, rarement aux deux, en gardant en tête de ne pas perdre le « grand » public. Trois architectes de formation, critiques et enseignants et un historien éditeur sont à l’origine de cet espace « sans publicité et sans subvention publique » qui voudrait devenir le « lieu de réflexion sur l’architecture, délié des institutions et ouvert aux autres acteurs de la vie intellectuelle et artistique ». Sur 124 pages maquettées sobres (pas d’effets de manches graphico-architecturaux, illustrations minimalistes, des documents d’archive plutôt que les images d’Epinal de projets d’archi qui ne verront jamais le jour), près de la moitié sont consacrées à la question des tours vue sous tous ses angles : historique (une chronologie remémore fort justement que ce débat sur les hauteurs est loin d’être nouveau et rappelle les rendez-vous manqués de Paris avec les projets les plus ambitieux), théorique, avec notamment la publication pour la première fois en français ( !) du fameux « Bigness », le manifeste de Rem Koolhaas de 1994 (où il assène ces formes de slogans définitifs, type « l’art de l’architecture est inutile dans la Bigness », contrebalancés par les explications sur ces affirmations : « l’absence de théorie sur la Bigness – quel est le maximum que l’architecture puisse faire ?- est la faiblesse la plus débilitante de l’architecture. »). Le point de vue critique n’est pas négligé, il est au contraire contextualisé, avec un retour sur l’histoire du débat sans fin (comme la tour de Jean Nouvel qu’on ne verra jamais à la Défense), grâce au texte de Françoise Fromonot, qui avait commis le livre le plus enquêté sur l’autre trou noir de l’architecture parisienne, « La Campagne des Halles, les nouveaux malheurs de Paris » (2005, éd. La Fabrique). Ajoutez à ce premier numéro un très bel article fouillé sur les raisons du désamour du Paris des années 20 pour Frank Lloyd Wright (« Vienne avait toujours plu à mon imagination. Paris ? Jamais ! », écrivait-il en 1909…) et du Paris contemporain pour Frank O. Gehry (auteur du bâtiment du 51 rue de Bercy, ancien American Center et actuelle Cinémathèque) et il ne reste plus qu’à soutenir le modèle choisi par « Criticat », tel qu’expliqué par Valéry Didelon, architecte et critique : « Pour assurer notre indépendance, nous avons fondé une association et fait le pari de ne compter que sur les lecteurs. “Criticat” sera vendue par correspondance et en ligne sur notre site internet www.criticat.fr. »
Il suffit de passer la barricade…
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