Festival In famous carousel - « Effets mythologiques », les 17, 24, 30 et 31/10 au Point Ephémère, Jeu de Paume, Palais de Tokyo, Centre Pompidou.
Attention événement ! Pour la première fois en France le groupe de funeral doom japonais Corrupted. © DR
< 17'10'08 >
In Famous, le festival qui « bricole musicalement l’existence »

Radicalité, goût du risque et de l’inquiétante étrangeté, le festival In Famous Carousel signe son retour sur fond de télescopage et d’accident. Depuis 2003, les Parisiens In Famous s’agitent pour mettre à jour des musiques souterraines et performatives. Cette année, en fines observatrices des mutations du monde musical, Joz Auzende et Oulimata Gueye proposent une programmation éclatée, qui débute ce soir avec Corrupted, LE groupe de doom métal japonais au Point Ephémère, se poursuit le vendredi 24 au Jeu de Paume avec le performer américain Scoli Acosta, puis le 30 au Palais de Tokyo avec les folkeuses néo-psyché Hertta Lussu Ässä et enfin au Centre Pompidou le 31 avec les rites incantatoires de Haino Keiji. Pour poptronics, Joz Auzende décrypte cette édition tournant autour des « effets mythologiques ».

C’est quoi la « ligne » In Famous ?

A travers In Famous Carousel, nous voulons examiner comment, dans un contexte de plus en plus dématérialisé, les artistes réinvestissent le moment de la performance sur scène. Cette année, ce sont les nouvelles fascinations qui sont à l’honneur, en lien avec les effets mythologiques. Les modes contemporains d’appréhension de la musique (et de la culture en général) aboutissent à de nouvelles fascinations, et en ces temps d’accentuation forcenée de la dématérialisation, a fortiori dans un contexte de crise mondialisée, il nous semblait pertinent de montrer comment les artistes réagissent.

Les artistes face à la crise, ça donne quoi ?

Le métal reprend du poil de la bête et le groupe japonais ultra culte Corrupted, dont c’est le premier passage en Europe ce soir, se situe dans une logique de dénonciation radicale. Pour ce groupe de « funeral doom metal », l’homme court à sa perte, sur fond de crise écologique. Corrupted accentue le brouillage des cartes en chantant en espagnol ! La première soirée aura d’ailleurs une tonalité très sombre et chaotique : avant Corrupted, Zeek Sheck, de San Francisco, proche de Wolf Eyes et Black Dice, s’inspire des performances païennes sur fond d’électro noise. L’expérimental est plutôt le domaine des hommes mais nous avons voulu équilibrer la programmation d’In Famous avec beaucoup de femmes, car on en retrouve généralement assez peu dans ce type de festival.

Corrupted, bande-annonce de « Junk films » de Tsurisaki Kiyotaka basé sur l’album « El Mundo Frio » :



Il n’y a pas que la musique avec In Famous, vous défendez la contre-performance ?

Nous vivons dans une époque de maîtrise illimitée de la technique et de la performance. In Famous observe ce mouvement de retour à l’idée de contre-performance, qui constitue une utopie très contemporaine. Le 30 octobre au Palais de Tokyo, la Coréenne Kang-Hyun Ahn fera sa flâneuse. Cette vidéaste travaille à partir des figures locales, toujours avec cette idée sous-jacente que plus les relations se virtualisent, plus un retour au local s’opère. Elle joue avec le merveilleux, en se construisant par exemple une combinaison à partir de journaux gratuits locaux.

Pourquoi vous intéresser aux « reliques du folklore » ?

Le mot « folk » n’est pas du tout à prendre au sens de « folklore » mais de « gens », « êtres humains ». C’est ce qui justifie la présence, le 30 octobre au Palais de Tokyo, des Finlandaises repérées par Sonic Youth, Hertta Lussu Ässä qui appartiennent à un courant néo-folk psyché. Elles reviennent à l’improvisation en bricolant musicalement l’existence. Ce qui correspond finalement assez bien à notre projet de départ !

benoît hické 

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