Domaine privé John Zorn, du 23 au 27/06 à la Cité de la Musique à 20h, 22€ le concert : Painkiller / Necrophiliac le 23/06, The Dreamers, le 24/06, Essential Cinema, le 25/06 et Magick le 27/06, 221, avenue Jean Jaurès, Paris 19e.

Et le 26/06 à la Salle Pleyel, John Zorn, Masada Book Two : The Book of Angels, à 20h, 30 à 45 €, 252, rue du faubourg Saint-Honoré, Paris 8e.

Concert de Masada en 2005 avec Joey Baron, Greg Cohen, Dave Douglas et John Zorn au saxophone. © Checiàp / Creative Commons
< 23'06'08 >
La zone de sabbat temporaire de Zorn à Paris

Difficile de trouver un artiste plus touche-à-tout que John Zorn. Adepte d’un jazz éclaté, le saxophoniste mord dans le free, le métal, le folk yiddish, le funk déviant, l’ethno futuriste et on en passe. Depuis la fin des 70’s, ce catalyseur natif de New York est un meneur insatiable, qui dans le sillage de ses actions et de ses labels, attire les talents expérimentaux d’ici (New York) et d’ailleurs. Façon d’expliquer l’éclectisme de la programmation des Domaines Privés, que lui offre toute cette semaine la Cité de la Musique à Paris.

En ouverture tonitruante, lundi 23 juin, son nouveau projet Necrophiliac, trio constitué autour du mythe d’Héliogabale, empereur romain décadent dont Antonin Artaud traçait ainsi l’hagiographie : « S’il y a autour du cadavre d’Héliogabale, mort sans tombeau, et égorgé par sa police dans les latrines de son palais, une intense circulation de sang et d’excréments, il y a autour de son berceau une intense circulation de sperme. » Pour donner de la voix à l’égorgé, Mike Patton, chanteur épique et fondateur du combo baroque punk Mr Bungle. Aux strangulations de guitare, Fred Frith. En suite pas vraiment plus apaisante, Painkiller, avec la carrure Bill Laswell à la basse et Mick Harris, batteur légendaire au sein du groupe fondateur du grindcore Napalm Death, et actuel protagoniste du projet Scorn.

Mardi, réunion autour de fidèles compagnons, dont le batteur d’exception Joey Baron et le guitariste Marc Ribot (qui s’est illustré sur le fameux « Rain Dogs » de Tom Waits) pour un grand ensemble ouvert : world, musiques de films, jazz, minimalisme, exotica, funk et surf rock… Le lendemain, la soirée « Essential Cinema », avec la formation yiddish free rock Masada, place la barre très très haut en programmant de composer sur les films expérimentaux de Maya Deren, Joseph Cornell, Kenneth Anger, Harry Smith ou Marie Menken. On le sait depuis ses hommages répétés à Morricone et à Godard, Zorn est un soundtracker averti.

Jeudi, Masada se délocalise en grand à la Salle Pleyel dans un registre qu’on suppose plus sage. Enfin vendredi, sabbat de clôture par un quartet à cordes, un trio de violoncelles, deux clarinettes basse… et treize batteries pour brasser allègrement le Nécronomicon de Lovecraft, l’occultiste Aleister Crowley, le chiffre divin 777, et une kabbale de symboles ironico sataniques. Du côté de la Cité de la Musique, on murmure même qu’un car de Hells Angels pourrait envahir les lieux. En attendant le déluge, pop’surf en quelques extraits vidéo du Zorn dans tous ses états.

Moonchild, John Zorn et Mike Patton, 2004, Cité de la Musique :



Masada, version acoustique à Vienne (2006), presque calme :



Cobra, session originale où Zorn donne des instructions à l’orchestre à partir de panneaux de couleurs (1991) :



On s’amuse à reconnaître au passage une flopée de figures encore jeunettes : le platiniste Christian Marclay (qui fit ses début chez Zorn), la harpiste Zeena Parkins, Arto Lyndsay, Bill Laswell…

Naked City, avec les guitaristes Fred Frith et Bill Frisell et le batteur Joey Baron, reprise de « Erotico », d’Enio Moricone (1992) :



Naked City encore plus surprenant, reprise funkadelic de « Super Stupid », toujours en 1992 :

jean-philippe renoult 

votre email :

email du destinataire :

message :