Pop’live, le tour des concerts et soirées à ne pas rater pour la quinzaine à venir.
La pochette du nouveau Black Dice détourne les Yardbirds mais musicalement, le trio new-yorkais verse toujours dans l’exploration expérimentale (ce soir, Point Ephémère). © DR
< 07'05'09 >
Sortez ! Arrêtez de télécharger Arditi

Le joli mois de mai a bien commencé. Tordant le cou aux idées reçues, l’UFC-Que Choisir ? vient de révéler que l’industrie du disque ne souffrait pas autant qu’elle voulait bien le dire du téléchargement illégal. N’en déplaise à Pierre Arditi et à la rive gauche (caviar). Pendant que l’Assemblée rejoue la patrie (culturelle) en danger, dans les salles, c’est la bousculade. Sélection express pour les quinze jours à venir.

Favoris
A poptronics, on aime les musiques tordues, les bizarreries, les accidents. Il y a de tout ça chez Black Dice, qui fait son arrêt annuel à Paris ce jour au Point Ephémère pour une soirée qui fera forcément du bruit (avec en ouverture Opéra mort, Fred Nipi et Arnaud Rivière). Depuis une dizaine d’années, Black Dice s’est emparé de la noise comme Animal Collective du folk : en la convertissant aux machines pour finalement supprimer tout autre instrument. Ce qui rend de disque en disque ce trio expérimental toujours plus intéressant à suivre, même si Throbbing Gristle ou Chrome ne sont jamais loin. « Go Where New Experiences Await You » intime la pochette de leur sixième album, « Repo ». Effectivement, il y a du neuf : Black Dice assume désormais de faire groover sur son bruit blanc compressé jusqu’à la corde et ses samples détraqués, ralentis jusqu’à en devenir pure abstraction. On n’oubliera pas ses bouchons d’oreille pour autant : le dancefloor est au bout d’un tunnel.

Difficile de passer à côté : Warp, le label de Sheffield, souffle cette année ses vingt bougies. Deux décennies d’expérimentations qui ont inventé une post-techno mentale. D’Aphex Twin, Plaid et Squarepusher hier à Rustie, Pivot, Battles, Tim Exile ou Clark aujourd’hui, cette généalogie constitue un imposant patrimoine au carrefour de la pop et de la musique savante. L’anniversaire prend la forme d’une tournée mondiale qui démarre à la Cité de la Musique les 8 et 9/05 (avant New York, Tokyo, Londres et Sheffield). Deux soirées au casting impressionnant (on y revient demain), on déplorera juste l’absence des vétérans Marc Bell (LFO) et Boards of Canada. À noter, deux grands retours, ceux d’Aphex Twin (un nouvel album promis avant la fin de l’année) et de Seefeel, grand groupe précurseur du son électro-noise du début des années 90 un peu oublié.

Aphex Twin - « Windowlicker » (1999), réalisé par Chris Cunningham :



Jeffrey Lewis gagne à être connu. Il gagnerait même à être reconnu pour ce qu’il est : l’un des tout meilleurs songwriters de sa génération (il a 33 ans), aux textes sarcastiques, oniriques ou terriblement crus dans la droite ligne d’un Jonathan Richman ou d’un Daniel Johnston. Dessinateur, conteur, chanteur et musicien, Jeffrey Lewis, ancien de la flibuste antifolk new-yorkaise de la fin des années 90, est du genre boulimique (une vingtaine d’albums et EP’s et de multiples collaborations). Mais loin de toute surchauffe, entre country dilettante, ballades folk et poilades garage, il vient de commettre son disque le plus accessible sinon le meilleur, l’addictif « ’Em Are I » (Maroquinerie, 10/05).

Jeffrey Lewis & The Junkyard – « To Be Objectified » :



Quand la poésie sonore (basée sur la répétition) d’Anne-James Chaton rencontre le rock urgent et érudit de The Ex (par le biais de son guitariste Andy Moor), cela donne une collision brutale et chaloupée, propice à toutes les dérives. Les deux sont unis depuis longtemps dans cette drôle de joute, interpénétrant les signes, les rythmes et les mots. Si l’on y ajoute les sculptures électroniques d’Alva Noto, expert en broderies, cela peut donner un moment de pure magie (« Décade », le 14/05 à la Fondation Cartier, dans le cadre des bien nommées Soirées Nomades).

On aime bien le collectif grenoblois Coming Soon, qui connaît depuis l’année dernière un réel engouement critique et public grâce à son univers sincèrement bordélique et attachant. Sur scène comme sur disque, leur faux folk fait des merveilles, en partie grâce à leur chanteur principal, le charismatique (et géant) Howard Hugues. C’est lui qui insuffle aux chansons de Coming Soon des envolées rock clairement inspirées par The Only Ones et sa voix d’ange, Peter Perrett. Howard Hughes délaisse aujourd’hui ses camarades de jeu pour quelques dates en solo (le 14/05 au Café de la Danse).

Pour finir, dans la catégorie barbes emmêlées qui (dé)chantent, on demande cette quinzaine Dan Auerbach. Le chanteur guitariste échappé des Black Keys américains (Ohio), sur son premier album solo, « Keep It Hid » (sorti en février), chevauche les seventies à cru et remonte aux racines : gospel, bluegrass, country, boogie et une bonne tranche de blues pour enrober le tout ; entre les BO d’O’Brother, d’Easy Rider et Creedence Clearwater Revival. Le XXIe siècle n’existe toujours pas (le 18/05 au Trabendo, on en reparle).

Nouvelles têtes
12/05 : Buraka Som Sistema au Point Ephémère.
13/05 : The Intelligence (et Frustration) au Point Ephémères.
14/05 : Golden Silvers et Richard Swift au Point Ephémère.

Valeurs sûres
07/05 : Birdy Nam Nam à l’Olympia (avec Brodinski, Yuksek et Manu Le Malin toute la nuit en dj-set).
07/05 : Morning Star à Mains d’Œuvres.
08/05 : Boys Noize & Friends au Rex Club.
08/05 : MSTRKRFT au Bataclan.
09/05 : Soirée Correspondent au Rex Club avec Jennifer Cardini et Losoul.
09/05 : Soirée Bloggers Delight avec Joakim au Social Club.
11/05 : Calvin Harris à l’Alhambra.
11/05 : Marissa Nadler au Nouveau Casino.
12/05 : Beirut au Bataclan.
13/05 : Shearwater au Café de la Danse.
13/05 : The Rakes à l’Elysée-Montmartre.
13/05 : Soirée « Eros 69 fait son antisocial » avec Dj Oof et Sporto Kantes au Social Club.
15/05 : Dixième anniversaire du label Bpitch Control au Bataclan, avec Paul Kalkbrenner, Kiki, Chloé...).
15/05 : Club NME #8 à l’Elysée-Montmartre avec Datarock, Rye Rye, Krazy Baldhead et I Am Un Chien.
17/05 : Soirée Katapult avec Ricardo Villalobos au Rex Club.
17 et 18/05 : PJ Harvey et John Parish au Bataclan (complet).
18/05 : Gossip à la Boule Noire (complet).
19/05 : Akron/Family, Fan Death, Heartless Bastards, Chester French au Nouveau Casino.
20/05 : Joy/Machines avec Computer Truck, Leonard de Leonard... au Glaz’art (on y revient).
20/05 : Jimi Tenor à la Maroquinerie.
20/05 : Tim Hecker à la Fondation Cartier (soirées Nomades).

Retours gagnants
14/05 : Die Form à la Loco.
18/05 : Bad Brains à l’Elysée-Montmartre.
19/05 : Psychic TV au Glaz’art.

benoît hické et matthieu recarte 

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