Pop’live, le retour du tour des concerts et soirées à ne pas rater pour la quinzaine à venir.
Blonde Redhead revient avec « Penny Sparkle », huitième album électro-sensible (Bataclan, 16/09). © Josh Rothstein
< 03'09'10 >
Sortez ! Jazz à la Villette, Women, Ninja Tune Festival, Blonde Redhead...
(pop’live) Timide reprise sur le front des concerts et des clubs à Paris. Trustée par un riche Jazz à la Villette, le festival qui décidément ose tous les mélanges, la quinzaine à venir recèle de jolies pépites. En attendant le trio de festivals électro qu’on affectionne pour la deuxième moitié du mois : Scopitone à Nantes, N.A.M.E. à Lille et Ososphère à Strasbourg. Le festival Jazz à la Villette s’impose depuis quelques années comme LE festival de la rentrée pour tous les amoureux des musiques libres et des croisements qu’a toujours permis le genre. On se souvient encore des concerts furieux et plutôt chahutés de Squarepusher et de Sonic Youth (les fans de be-bop ne se sont toujours pas remis des larsens de Thurston Moore). Le cru 2010 a bien commencé mercredi avec le duo inédit Marc Ribot & Meshell Ndegeocello ou la rencontre, déjà éprouvée, entre Jimi Tenor & Kabu Kabu et Tony Allen, soit un beau moment de groove tendance afro-beat qui raffole du bizarre. Ce soir, le Cabaret sauvage sera investi par Zombie Zombie et le souffleur Sonny Simmons, un ancien du band de Mingus, rien que ça. Mais « la » tête d’affiche du festival, ce sera mercredi prochain : Gil Scott-Heron et son spoken-word qui a irrigué la scène hip-hop balbutiante à la fin des années soixante-dix est de retour à Paris. Le héros n’a rien perdu de son ardeur. Gil Scott-Heron – « Where did the night go ? » (2010) : Un concert aux accents politiques à relier absolument à la soirée « Tongues on Fire, a Tribute to the Black Panthers », le 12/09, qui réunira David Murray, saxophoniste et chef d’orchestre du genre radical, et deux générations hip-hop, The Roots et The Last Poets. Bristol n’est pas que la terre natale du trip-hop et des volutes électroniques, c’est aussi là qu’a surgi, à la fin des années soixante-dix, l’un des plus passionnants correspondants européens de la no-wave new-yorkaise, The Pop Group. Le nom, déjà, fleure bon l’oxymoron : difficile de se raccrocher à une ligne mélodique dans cet enchevêtrement de dissonances et de vociférations qui n’oublient jamais le terreau reggae (l’une des obsessions de la scène tabula rasa, mais qui comptait tout de même quelques têtes chercheuses : voir à ce propos le documentaire consacré à Don Ritts). L’Etrange Festival, qui adore traditionnellement déterrer les icônes oubliées de ces années-là (pour le meilleur et, parfois, pour le pire) exhume, pour sa 16e édition, le groupe de Mark Stewart, dont on ne sait trop s’il a encore des choses à dire (la Machine du Moulin Rouge, 06/09, avec aussi Alec Empire). Women lib ! Un des emballements pop 2008 est de retour à Paris. Brillant essai d’expérimental rock érudit, le premier album des Canadiens Women nous avait tapé dans l’oreille. Toujours produit à l’os par Chad VanGaalen, « Public Strain » qui lui succède dans quelques jours vient confirmer : sous bannière songwriting-psyché-krautrock-shoegaze, ces Women à forte personnalité télescopent les registres et les millésimes, de constructions sonores hardies en guitares tordues, avec voix sorties des limbes et percussions anémiques. Quelque chose d’une descendance Velvet-Zombies et d’un cousinage Deerhunter-Liars. Un groupe libre et mélancolique, ici solaire, là claustrophobe. Le live de l’intranquillité ? (Café de la Danse, 09/09, avec Nurses et El Boy Die) Grosse rentrée également pour les amoureux du beat et des matins blêmes : les célèbres soirées We Love Art investissent la verte Cité de la mode et du design, lovée sur les quais de Seine, dans le 13e arrondissement, pour une We Love Fantasy le 11/09 qui alignera Ellen Allien (la Berlinoise passée fahionista est connue pour ses DJ-sets infernaux), The Whitest Boy Alive (groove timide mais jubilatoire) et deux petits nouveaux, Seth Troxler (house old-school) et Ben Klock. La première génération des labels indés britanniques n’en finit pas de s’auto-célébrer. Après le grand barnum de Warp au printemps dernier, c’est au tour de Ninja Tune de miser sur la nostalgie et de dégainer un gros gâteau en forme de shuriken. Plusieurs soirées sont prévues ces jours-ci à Paris, qui devraient rameuter les fans historiques du « son Ninja », à savoir un mélange de beats hip-hop et de textures électro aux accents parfois sombres et enfumés (Amon Tobin, tête d’affiche de ce raout avec un concert déjà complet, le 1er octobre à la Machine du Moulin Rouge). Les autres stars du label, les plus sautilllants Mr Scruff, Roots Manuva, The Herbaliser et The Infesticons (avec Mike Ladd) investiront l’Elysée Montmartre le 17/09, pendant que The Cinematic Orchestra déploiera son univers douillet (qui a dit gentillet ?) dans la grande salle du Centre Pompidou (après Fink et ses chansons de soie, le 15/09). Les plus mordus ne louperont pas l’expo commémorative à la galerie Chappe, du côté de la Butte Montmartre (vernissage le 09/09, suivi d’une soirée à la Machine du Moulin Rouge). Mr. Scruff – « Get A Move On » (1999, l’un des cartons du label, avec un sample de Moondog) : L’air de rien, on accompagne Blonde Redhead depuis seize ans. Kazu Makino et les jumeaux Pace ont depuis bien longtemps quitté le sillage de Sonic Youth et Fugazi qui les avait lancés rock dégingandé hypersexué pour travailler dans les années 00 une veine électronique éthérée et mélancolique. Trois ans qu’on attendait une suite à l’inusable « 23 », album majeur du trio, compagnon de route des jours invivables, un silence à peine brisé par quelques concerts à chavirer et la BO du documentaire « The Dungeon Masters ». Si « Penny Sparkle » n’a pas (encore) l’évidence de son aîné, il s’invente à chaque morceau, entre Oslo et l’Espagne, jonché de plantes mortes, une guitare noire en main. Des harmonies sous la bruine, des chausse-trapes poignantes (la perloline « Here Sometimes » à télécharger toutes affaires cessantes ici), des chansons fragiles qui se transfigurent dans une bulle électronique et éclosent pleines de coffre, de résonance. Avec grâce, avec classe et sans faux-semblants, Blonde Redhead touche au sensible. Touche tout court. C’est paraît-il de la dream pop. Entrez dans le rêve (Bataclan, le 16/09). Blonde Redhead – « Here Sometimes » (4AD Session, 2010) : Autres concerts et soirées :
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