Mars débute en douceur à Paris, avant carambolage de concerts dans la deuxième quinzaine (Hot Chip, The Kills, Autechre, The Do, Shack…). En attendant, les morts de faim rallieront le grand Est (Dijon, Besançon, Belfort, Mulhouse, et Freiburg, en Allemagne) pour la dernière semaine du festival Génériq, l’émanation hivernale des Eurockéennes.

Légendes électroniques

Le trio Antipop Consortium revient à la Maroquinerie (le 5/03, puis à Belfort, Dijon et aux Nuits Sonores de Lyon en mai) : posse hip-hop new-yorkais historique auteur d’une poignée d’albums désormais mythiques (dont « Arrhythmia », chez Warp Records), dissous en 2002 mais rabiboché en vue d’un album à paraître cette année, ce concert sera l’occasion de découvrir leurs nouveaux morceaux.

Antipop Consortium - « Perpendicular-Vector » réalisation de Markus Wambsganss :

Le 6/03 Derrick May donnera une leçon de techno-soul canal historique au Rex, décidément très en forme en ce début d’année. Les amateurs de chemins de traverses ont déjà noté l’anniversaire des dix ans d’Optical Sound le 7/03 à la Maison des Métallos comme le Doki Doki festival du collectif, du 6 au 8/03 au Point Ephémère, on y revient fissa.

Rock : de bruit et de sueur

On attaque dès demain, mardi 4/03, avec deux groupes britanniques tendance. Les sept Gallois de Los Campesinos ! d’abord viendront tout casser au Nouveau Casino avec leur pop exubérante marchant sur les brisées de The Go ! Team, portés par leur irrésistible single « You ! Me ! Dancing ! » devenu en moins de deux un tube de la blogosphère (en tournée fin avril). En face, à la Maroquinerie, place à The Heavy (en tournée jusqu’au 8 à Toulouse), nouvelle machine de guerre des pourtant tout peace Ninja Tune : originaire de Bath, ce quintette qui aime à glisser dans le shaker fièvre, groove et rock graisseux pourrait remporter la timbale cette année, sur la foi de ses prestations brûlantes.

Deux jours plus tard, du lourd aussi, avec la venue des Silver Apples (dorénavant réduits au seul Simeon) à Paris. Groupe américain tout fou de la fin des années 60, qui inventa le rock synthétique avec l’utilisation d’oscillateurs, de diaboliques machines analogiques et de samples, préfigurant le krautrock et Suicide. On y revient, évidemment (attention : au Nouveau Casino et non à la Géode). Cerise sur le gâteau, Zombie Zombie assure la première partie.

Silver Apples - « Oscillation » (film anonyme) :

Rendez-vous plus classique, le 10/03 à la Maroquinerie, où Frédéric Pellegrini, ex-Littles Rabbits (groupe nantais auteur de jolis albums de pop cubiste au début des années 90 qui accompagne désormais Katerine sur scène) débarque avec son nouveau projet, French Cowboy. On préférera cette sympathique relecture du rock garage qui assume son premier degré à Patrick Watson, groupe canadien buzzé du printemps 2007, qui creuse l’horrible sillon du revival progressif (au Trabendo).

Choc attendu en revanche le lendemain, avec le retour de Black Dice à Paris (Nouveau Casino, le 11/03, et à Lyon la veille). Depuis onze ans déjà, ces New-Yorkais attaqués pratiquent un rock anti-commercial, brutal, violent et déconstruit. Leurs disques (aux pochettes ignobles) fleurent le jusqu’au-boutisme expérimental noise, intégrant quelques éléments afrobeat et breakbeat. Difficile à écouter dans son salon, mais tout à fait stupéfiant sur scène.

Clip « mash-up » et fait maison de Black Dice, pour « Kokomo » (2007) :

Enfin le 12/03, tant pis pour la pop délurée des Chicagoans de Menomena au Point Ephémère (et le 13/03 à l’Ubu à Rennes), on filera à la Flèche d’Or pour le rock computérisé de Battant, qui remet les années 80 au goût du jour. Signés sur Kill The DJ et chaperonnés rien moins que par Andrew Weatherall, les Londoniens balancent leur rock qui groove sur des griffures de guitares entre post-punk intello à la Devo, harangues façon Siouxsie et réminiscences électro (des Shamen à Klaxons). A découvrir en tournée (Reims, Poitiers, Nancy et Morlaix).

benoît hické et matthieu recarte