Pop’live, l’agenda des concerts et soirées de la quinzaine à ne pas rater.
Kieran Hebden, alias Four Tet, quitte sa chrysalide d’intello pour se lover dans l’amour et le soleil (Social Club, 24/03). Vive le printemps ! © DR
< 19'03'10 >
Sortez ! Yeasayer, Autechre, Four Tet, Les Femmes s’en mêlent...
pop’live Grosse quinzaine de concerts, alors que c’est l’hécatombe sur le front des rockers qui ont du cœur. La liste commence à méchamment s’allonger : après Vic Chesnutt, Jack Rose et le cavalier fou Mark Linkous, qui a définitivement mis en sommeil son groupe Sparklehorse, l’un de nos héros les plus discrets est mort. Alex Chilton a connu la gloire alors qu’il était un ado-star, né du côté de Memphis, au sein des Box Tops (« The Letter », carton de la fabuleuse année 1967), avant de jeter bien vite l’éponge (a-t-il cru une minute à son succès ?). Quittant le circuit pour se consacrer à son nouveau groupe, Big Star, créé avec le fin mélodiste Chris Bell, il écrit « Big Star », « Radio City », « #3 », à la fois les rejetons de la musique noire et de la power-pop 70’s la plus cinglante. Les guitares sont parfois lourdes et la sensibilité, toujours à fleur de peau ("September Gurls" est peut-être la plus belle chanson du monde). En-dehors des clous (ni heavy ni proto-punk), Big Star peine à se maintenir à flot malgré la voix d’or de Chilton, qui navigue entre la suggestion à l’oreille et le cri de gorge. Quelques albums solo (sur le label français New Rose) et collaborations dans les années 80 (dont les Panther Burns de Tav Falco et surtout la production du premier album des Cramps) n’y font rien : Alex Chilton devient « culte », ses fans forment des groupes à succès et sa silhouette s’efface, jusqu’à la nuit. Il avait 59 ans. Big Star - « Thirteen » (1972) : Allez, on sèche ses larmes, on range les mouchoirs et on part à la découverte des inratables des quinze jours à venir. C’est quitte ou double pour Yeasayer. Après avoir signé un premier album remarqué pour son sens mélodique, le groupe américain abandonne ses ambiances hippie-afro-psyché pour opérer avec « Odd Blood » un virage sur l’aile : Yeasayer se fait pop et synthétique sous influence croisée années 80 et expérimental 90. Le genre de contre-pied qui nous ravit à Poptronics, d’autant que cet aplomb est récompensé : « Odd Blood » déborde d’idées et regorge de tubes. Reste à savoir si le public indé qui avait, comme nous d’aileurs, célébré « All Hour Cymbals » cédera aux assauts électroniques live du quintette dépareillé ce soir sur la scène du Trabendo. Un aperçu de cette mue avec le clip d’« Ambling Alp », dont nous vous disions tout il y a quelques semaines, avant que la love song contrariée « O.N.E. » ne colonise, c’est tout le mal qu’on leur souhaite, tous les iPods de la planète. Car Yeasayer semble en être convaincu : l’heure est venue pour l’avant-garde rock de secouer le mainstream de l’intérieur. « Odd Blood » et ses tubes transgenre à la pelle est en tout cas très armé pour y parvenir. Yeasayer – « Ambling Alp », réal. Radical Friend : Après des brouettes d’albums plus sombres les uns que les autres, parfois étouffants et à la mécanique pas très aimable mais ô combien hypnotique (dont « Quaristice », un condensé façon puzzle de son esthétique), le duo Autechre semble enfin avoir retrouvé le goût de la lumière. Avec le récent « Oversteps » (et sa magnifique pochette réalisée par Designers Republic), la matrice Ae tourne encore à pleines turbines. Ça fait clic clac, ça se dilate, ça enfle et ça gronde mais, surprise, surnagent des mélodies, comme sur ce « Ilanders » épique, qui louvoie et tape dans les infrabasses sans oublier d’accrocher l’oreille. Sur d’autres morceaux (« Known (1) »), Rob Brown et Sean Booth lorgnent carrément les broderies de Plaid et réinvestissent un champ qu’ils semblaient vouloir éliminer par le passé : l’émotion. Après un mix radio de douze heures début mars (facilement dénichable sur la Toile), ils se produisent demain soir, 20/03, à l’ex-Loco (rebaptisée La machine du Moulin Rouge), dans l’obscurité la plus totale, en compagnie de leur vieux compagnon Rob Hall. Deux autres concerts qu’on vous signale, même s’il n’y a guère de doute qu’on vous en parlera partout ailleurs : les fils prodigues Phoenix, récemment récompensés d’un Grammy Award, investissent l’Olympia (22/03, avec Two Door Cinema Club) et, le lendemain, la fusée MGMT est mise sur orbite en live avant-coureur de « Congratulations ». Ce deuxième album a le mérite de prendre à revers les recettes un peu faciles qui ont fait le succès du duo rétro-seventies il y a deux ans (Trabendo, 23/03, ultracomplet). Les Femmes s’en mêlent est de retour (à Paris, du 23 au 30/03). Pour sa fournée 2010, le festival reconduit une formule désormais éprouvée, à base de folk nordique, guitares américaines et électro chic mondiale. On pourra y découvrir la nouvelle signature Warp, Julie Campbell alias LoneLady jamais tout à fait remise du post-punk d’A Certain Ratio (23/03, la Maroquinerie), céder au folk de la fratrie suédoise Taxi ! Taxi ! (26/03, Institut suédois), défendue ici depuis deux ans et demi déjà, ou encore à la Bordelaise Tender Forever (Théâtre de la Cité Internationale, 28/03), dont le nouvel album, « No Snare », confirme la position singulière sur la scène électro lo-fi (avec la gracile Olöf Arnalds en première partie), sans oublier John & Jehn, dont le deuxième album singe moins les Kills qu’auparavant et pourrait relancer l’intérêt pour le duo (Maroquinerie, 29/03). LoneLady - « Immaterial » : De l’émotion, mais aussi de la joie, de l’amour et de vraies chansons à siffler, on en trouve à la pelle dans le dernier album de Kieran Hebden, aka Four Tet. Cet enfant du post-rock (Fridge) publie depuis une dizaine d’années des albums à la lisière de l’électronique et de l’acoustique (« Pause » et surtout « Rounds », précis de folktronica 90’s). Sur son cinquième album, « There is love in you », Hebden vire son Mr Hyde intello et lâche la bride à son inspiration psychédélique : « Love Cry » ou « Circling » sont des odes au soleil et à l’amour, titillant sur un rythme 4/4 le clubber sommeillant en chacun de nous. Qui s’en plaindra ? (Social Club, 24/03 avec Mondkopf et Dye). Enfin, on n’oublie pas la venue des Canadiens Thee Silver Mt Zion Memorial Orchestra en France, collectif dont Poptronics est un fidèle, qui viennent de sortir « Kollaps Tradixionales », entre dépouillement folk et éruptions de saturation, mélancolie et colère. Sans doute leur plus bel album à ce jour mais attention, fragiles s’abstenir (le 30/03 à Rennes, le 31/03 à Paris, le 1er/04 à Reims)… Concerts et soirées :
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