Premiers pas avec Arduino et réflexions d’un pop’artiste bricodeur, Nicolas Frespech. Le kit Arduino que la communauté artistique expérimente à tout va depuis quelques temps, est un outil de développement en langage Processing qui s’insère dans le fameux Internet des objets.
Arduino, késako ? Un kit pour développer et assembler des objets, que les artistes commencent à s’approprier, à l’instar de Nicolas Frespech ci-dessous. © NF Licence Art Libre
< 10'05'10 >
Arduino, la carte aux trésors ?

Arduino, ça vous dit quelque chose ? Depuis quelques temps sur le Net, ça s’échauffe pour ce petit machin bleu qui tient dans la main et permettrait de développer et de faire communiquer ensemble tout un tas d’objets. En juin 2009, à l’occasion de Lift 09 à Marseille, j’avais assisté à la conférence passionnante d’Alexandra Deschamps-Sonsino, grande prêtresse d’Arduino au sein du studio de designers Tinker, qui présentait ce moyen de fabriquer ses propres objets en fonction de ses besoins, tout en partageant ses connaissances et ses ressources au sein d’une communauté dynamique. Ça donnait envie. Depuis, j’ai commandé un kit Arduino et quelques composants supplémentaires pour me lancer.

Adeptes du do it yourself
Me voici face à ma carte... quelques livres et autres sites spécialisés sur le sujet : il faut que je me lance... Je connecte la carte sur mon PC, je l’installe ainsi que le logiciel Arduino. Je commence mes premiers tests en branchant quelques câbles avec une LED qui s’allume et s’éteint... Ça marche... Je suis super fier ! 
Toute une série de sketchs, le terme utilisé par Arduino pour parler de scripts préprogrammés, sont disponibles pour se faire la main. Arduino se présente sous la forme d’une carte électronique (open hardware) avec un micro-contrôleur que l’on programme avec un logiciel open source basé sur le langage de programmation Processing. Comme le schéma de la carte est en open source, on en trouve des reliques dans différentes échoppes, comme la carte Freeduino. Quant aux adeptes du do it yourself à la sauce logiciel libre, ils se retrouvent sur le site de « Make Magazine » pour partager leurs dernières réalisations ou acheter de nouveaux composants.
De fait, on peut programmer rapidement à partir de son ordinateur des prototypes en tous genres : une ceinture pour femme enceinte qui envoie un Tweet sur le Net quand bébé donne un coup de pied, un tapis pour chat qui informe par courriel quand votre animal favori fait sa sieste... On peut même hacker les jouets de ses enfants et pourquoi pas redonner vie à des objets usagers ou déclassés. 
Au-delà du clin d’œil geek, toutes sortes d’objets sont réalisables à la maison. Bref, Arduino s’adresse à tous et nous invite à penser notre production d’objets d’une autre manière. Mais est-ce qu’Arduino va nous aider à changer le monde ?

Allons faire un tour du côté des artistes codeurs. Albertine Meunier a réalisé Angelino :

L’artiste française prépare actuellement un ballet entièrement composé de ces danseuses connectées ! Petit détail rétro : les petites danseuses se remontent manuellement…



Usman Haque, architecte et artiste basé à Londres, invite à prendre conscience de « notre planète en danger » en mutualisant et en stoppant le système d’arrosage des plantes domestiques si elles consomment trop d’électricité. Natural Fuse est l’illustration d’une pédagogie de la menace... Pas si écologique que ça non plus : les composants d’une carte ne sont pas écologiques et plutôt énergivores (j’en suis à ma quatrième pile 9V depuis une semaine, à 4€ l’unité… faites le calcul). A propos d’écologie, j’ai demandé à l’équipe d’Arduino s’il existait un circuit de recyclage particulier de la carte, j’attends encore la réponse…

Je me tourne alors du côté des écoles d’art où Arduino fait des émules. Douglas Edric Stanley, artiste et professeur à l’école d’art d’Aix-en-Provence expérimente depuis des années avec ses étudiants les potentialités créatives des objets connectés (que ce soit avec Arduino ou d’autres cartes électroniques comme Pinguino). Lui et Jane Antoniotti ont notamment piraté une Balance Board de la Wii (la balance sensible à la pression de Nintendo) pour un hommage surréaliste à une star hollywoodienne en pleine déconfiture. Ça s’appelle « Twiist : The Exquisite Liz Taylor ». Douglas Edric Stanley propose sur son site personnel et le site de l’école d’art des ressources pour se former et expérimenter d’autres usages artistiques.

David-Olivier Lartigaud utilise Arduino dans le cadre d’ateliers de découverte avec ses étudiants de master en Arts plastiques à Paris 1. Arduino sert alors plutôt à compléter une approche plus précise du logiciel Processing... Le jeu étant bien sûr de connecter aux breadboards (la planche sur laquelle on connecte les câbles et capteurs) les composants les plus farfelus possibles, ou d’inventer avec la complicité de Fabrice Oehl, responsable informatique, des interfaces improbables. Et ce n’est pas tout, avec ses éudiants de l’Ecole Nationale d’Art de Nancy, David-Olivier Lartigaud envisage même de hacker des Nunchuck de la console Wii !

Il ne me reste plus qu’à m’y mettre avec mes étudiants des Beaux-Arts de Lyon. Pourquoi ne pas proposer un workshop ?

Apprenti sorcier-bricoleur
Dans mon atelier personnel, je branche un capteur de luminosité. Je programme un sketch qui, en fonction des données fournies par le capteur, fera jouer des séquences chromatiques linéaires ou aléatoires à une LED RGB. Je copie-colle et adapte un programme personnel. Me voici avec ma première machine à lumière que j’orne d’un gobelet en plastique blanc en guise de diffuseur. Mais j’atteins mes limites : je prends en photo le montage des différents éléments pour pouvoir le remonter un jour. 


Je n’ai pas beaucoup de composants, il me faudrait d’autres cartes pour réaliser plusieurs objets. Même si leur prix est raisonnable (à partir de 25€ la carte), l’addition peut très vite monter et je me sens un peu seul pour développer du code sur mesure. Ce n’est pas l’envie qui me manque de réaliser des sculptures qui bougent en fonction d’indices communiqués par toutes sortes de capteurs (température, lumière...) et de données extraites du Net (Twitter, courriel...)... Mais ce n’est pas demain que j’arriverai à copier les tableaux de Niki de Saint Phalle qui s’animent quand on s’en approche !

J’invite quelques amis à boire un verre autour de ma création... ils restent perplexes… Je me sens un peu découragé, limité plutôt, même si les idées viennent au fur et à mesure que je découvre d’autres œuvres et les autres capacités qu’offrent le logiciel et ses composants optionnels. On peut même connecter des vêtements avec la carte LilyPad !

A ce propos, on connait la difficulté rencontrée par les conservateurs de musée pour restaurer certaines œuvres électroniques. Le format ouvert d’Arduino pourrait-il constituer une solution ? Avec Arduino, on peut presque tout faire... Y’a qu’à-faut qu’on, comme on dit ! 
En attendant la prochaine séance d’expérimentation, laissez vos idées et autres trouvailles dans les commentaires !


En savoir plus sur Arduino :
« Getting Started With Arduino », de Massimo Banzi, 
éditions O’Reilly, 2009.
« Making Things Talk » de Tom Igoe, 
, Editions O’Reilly, 2007. 

« Initiation à la mise en œuvre matérielle et logicielle de l’Arduino », un livret pédagogique réalisé par Jean-Noël Montagné en novembre 2006, Centre de Ressources Art Sensitif, téléchargement gratuit.

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< 3 > commentaires
écrit le < 10'05'10 > par < pascale.gustin ief pascsaq.org >

Bonjour,

Voici quelques réalisations (dans le cadre d’une intervention dans une école de design numérique) : http://numuscus.pascsaq.org/ ?p=551 Prochaine étape, un ventilateur numérique !!! On verra ce que ça donnera :)

Plus ceci, plus personnel : http://www.pascsaq.org/weblog/archives/2010/05/08/interface/index.html

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écrit le < 12'05'10 > par < mister.n aaM laposte.net >
A découvrir une réalisation poétique d’une étudiante. Deux oreillers connectés pour entendre les battements de coeur de son partenaire à l’autre bout du monde ! Elle explique sur son blog la genèse du projet. http://imd.dundee.ac.uk/ jmontgomery/wp/ ?p=630
écrit le < 18'05'10 > par < blux opD etnoka.fr >
Un petit plus pour développer de nombreuses applications interactives, tu peux extraire ta puce programmée et ( en respectant les composants et les liaisons) connecter en dehors de la planche arduinesque. Le composant atmel ne coute que quelques €uros et tu n’utilise que les ports de connexions dont tu as besoins. VoilàVoilà