En cet été 2023, la nuit est blanche au-delà du cercle polaire. Le Carnet de bord d’Agnès de Cayeux et Maëlla Mickaëlle, qui tournent cet été au Groenland « 360 notes prises au Nord », réfléchit aujourd’hui aux sens de cette couleur qui peut aller jusqu’à l’éblouissement.

Jour 15, Carnet de bord du cercle polaire, Blanche

Où il est question de lumière blanche. Cette couleur qui, grâce à « Blanc » de Michel Pastoureau (Seuil, 2022), évoque la propreté du linge, les habits de fête et le sacré. Celle qu’on devine dans le spectre de la lumière – comme l’a découvert Isaac Newton (1642-1727) dans son « Traité d’optique ».

(liminaires)

noteA055

Je lis que le linge, soit l’ensemble des textiles à usage domestique, constitue un bien de valeur dans toutes les classes de la société. Dès le XVIIème siècle, il est mentionné dans les inventaires et les documents notariés. Qu’il soit en chanvre, en lin, en coton ou dans d’autres matières, le blanc est sa couleur.

noteB055

Je lis que du Directoire jusqu’au début de la Restauration, les jeunes femmes aiment se vêtir à l’antique. Elles portent des robes blanches, tailles hautes, manches courtes ou absentes, plissé naturel, tissu fin, souple et fluide.

noteC055

Je lis que le ciel s’obscurcit et les ténèbres recouvrent la terre. Ce passage de l’image, plaçant la lune et le soleil de part et d’autre de la Croix – cet effet de symétrie, comme une allusion aux deux natures.

(rêveries)

note056a

J’ai du mal à penser que l’épaisseur variable du verre, ou la terminaison en ombre ou obscurité puissent avoir tant d’influence sur la lumière pour produire un tel effet ; pourtant je n’écarte pas d’étudier en premier ces causes, et j’essayai ainsi de voir ce qui arrivait en envoyant la lumière à travers des morceaux de verre de différentes épaisseurs, ou à travers des trous de la fenêtre de diverses tailles, ou encore en disposant le prisme de façon à ce que la lumière le traverse et soit réfractée avant de passer par le trou : mais je trouve qu’aucune de ces causes n’est plausible. L’apparence des couleurs est identique dans tous les cas.

note057a

La lumière diffusée par le premier prisme selon une forme oblongue est réduite par le deuxième à une forme circulaire, comme si elle ne les a pas traversé quelle que fût la cause de cet allongement, ce n’est pas une irrégularité contingente.

note058a

J’observe que les couleurs n’étaient pas sensiblement déplacées de leur position sur le mur et que donc la réfraction n’était pas sensiblement changée par cette variation d’incidence.

note059a

La lumière, déviée vers l’extrémité de l’image vers laquelle la réfraction due au premier prisme la place, subit dans le second prisme une réfraction considérablement plus grande que la lumière déviée vers l’autre extrémité, cela signifie que le violet est plus dévié que le rouge aussi bien dans le second que dans le premier prisme.

(Re)lire le Carnet de bord du cercle polaire : épisode 1, épisode 2, épisode 3, épisode 4, épisode 5, épisode 6, épisode 7, épisode 8, épisode 9, épisode 10, épisode 11, épisode 12, épisode 13, épisode 14.

agnès de cayeux