Merce Cunningham Danse Company, « Crises » (1960, reprise 2006) musique Colon Nancarrow, costumes Robert Rauschenberg, « eyeSpace » (2006), première française, musique pour iPods de Mikel Rouse, décor et costumes Henry Samelson et
« CRWDSPCR » (1993), reprise 2007, musique John King, décor et costumes Mark Lancaster, du 4 au 9 décembre au Théâtre de la Ville, dans le cadre du Festival d’automne, complet.
Viola Farber et Merce Cunningham dans « Crises » (1960). © John Wulp.
< 05'12'07 >
Merce Cunningham danse en numérique
Merce Cunningham, né en 1919 et compagnon, sa vie durant, de John Cage (1912-1992), a montré hier de façon éblouissante, sidérante, que l’art d’avant-garde pouvait, aussi, utiliser les outils de la technologie actuelle : en 1991, il mettait au point le logiciel « Life Forms », aujourd’hui intitulé « DanceForms », d’aide à la chorégraphie. Chacune de ses œuvres depuis utilise ce programme, ce que démontre l’une des trois pièces données au Théâtre de la Ville, « CRWDSPCR » (lire Crowd Spacer ou Crowd Pacer) qui date de 1993. La dernière pièce inédite en France, « eyeSpace » (2006) requiert de chaque spectateur qu’il télécharge préalablement sur son baladeur numérique (il peut aussi l’emprunter sur place) cinq morceaux composés par Mikel Rouse, qui utilise des samples de piano préparé de John Cage. La chorégraphie se déroule ainsi sous le signe d’une double bande sonore : celle qui sort des écouteurs, qu’on choisit de passer en mode aléatoire « shuffle » ou selon son propre tempo, et le design sonore conçu par Stephan Moore, des bruits de rue, de métro, de klaxons, diffusés par des haut-parleurs. Ces sons pénètrent ainsi « sous » le casque. Mais lorsqu’on lâche les écouteurs, on entend aussi la cacophonie générale qui se diffuse depuis les casque voisins. En tout cas, démonstration est faite : la musique qu’on se choisit ne dicte aucunement les gestes des danseurs. Tout cela s’explique dès les débuts de Merce Cunnigham, ce dont témoigne la pièce la plus ancienne chronologiquement, donnée dans cette trilogie de Cunningham au Théâtre de la Ville : « Crises », avec costumes de Robert Rauschenberg, date de 1960. La grande invention de Cunningham, sa rupture, c’est de clamer l’autonomie de la musique et de la danse, leur interaction composant la réalité de la « performance ». La musique ne « colonise » pas la danse, et réciproquement. Non plus que les décors ou les costumes. Merce Cunningham dit : « L’indépendance pour moi, pour notre situation de danseurs, de compagnie, je voudrais l’expliquer ainsi. Le compositeur écrit sa musique dans des circonstances données, selon ses nécessités. Je ne lui dicte pas ce qu’il doit faire ou selon des opinions préconçues. Il a aussi la liberté de précéder, d’accompagner ou de suivre la danse, comme il le veut. Bien sûr, je lui donne toutes les informations qu’il souhaite. John Cage, par exemple, demandait toujours quelle était la structure de ma pièce, dans le sens le plus large. Ainsi il pouvait réaliser une structure totalement différente. » Les chorégraphies produites par cette situation d’indépendance sont probablement les plus exigeantes pour les corps des danseurs. D’où les hurlements d’admiration qui s’en sont ensuivis, hier soir, pour un spectacle qui les mérite. Cunningham, c’est comme Matisse : la jouissance accompagne la monstration.
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