« Un Palpitant », de Nicolas Clauss, prix de la Création nouveaux médias du festival Vidéoformes 2008, à Clermont-Ferrand (63) du 11 au 15/03.
« Or not toupie », exposition du 5 au 15/03 à la Cité du Livre, amphithéâtre de la Verrière, 8-10 rue des Allumettes, Aix-en-Provence (13).
« Side Effects », dernier né de la série « Flying Puppet », en ligne depuis janvier 2008.
« Un palpitant », prix de la Création nouveaux médias à Vidéoformes. © DR
< 11'03'08 >
Nicolas Clauss, un cœur qui bat

Il voltige sur Internet depuis plus de sept ans sans vouloir en redescendre. Prix de la Création nouveaux médias Vidéoformes 2008 (le 23e festival international arts vidéo et nouveaux médias, du 11 au 15 mars à Clermont-Ferrand), Nicolas Clauss est un cas à part de la création numérique. Une approche différente, très poétique, à l’esthétique un brin sordide, proche de celle de Joel-Peter Witkin, qu’on retrouve au cœur d’« Un Palpitant », l’œuvre primée par Vidéoformes.

Des morceaux de vie qui palpitent

Dans la droite ligne de son processus créatif, il tire sa matière première de ses rencontres avec des adolescents, des adultes et/ou des personnes âgées, pas forcément férus du milieu de l’art, ni des nouveaux médias. Photographies, dessins, sons et mots sont montés en animations à la technique apparemment simple et à l’esthétique surprenante : « 100 personnes qui s’expriment, créent des matériaux à partir desquels je peux réaliser mon travail : sculpter une œuvre. » « Un Palpitant » parle de la vie, la mort, l’amour… Tout ce que Nicolas Clauss recherche : « Mon travail renvoie à une esthétique de la rumeur, de voix multiples, de brides, de flux et de vies qui coexistent. Un mélange d’histoires, de rêves, de frustrations, dans une approche magique plus que sociologique. » Des morceaux de vies et de corps qu’il découpe, ré-assemble sur un fond de pellicules photographiques scarifiées.

La démarche de Nicolas Clauss pourrait paraître paradoxale, s’acharnant à rechercher la notion de collectif dans le monde réel alors que l’on nous assure, depuis l’Internet, qu’il est plus aisé de la convoquer « virtuellement ». L’interactivité de ses œuvres n’a rien à voir avec les débordements technologiques, participatifs et visuels du Web 2.0 : « Tout cela je m’en moque, dit-il, la rencontre, les gens de chair, l’émotion, ce sont ces choses qui entrent en ligne de compte, et elles sont forcément conditionnées dans la communication via Internet ». Fidèle à une notion d’interaction sensible et intelligible, il n’envisage pas l’Internet comme un lieu de création collective, mais lui accorde ses qualités d’immédiateté, de retour instantané et de potentialité à passer outre l’institution : « Plus ça va, moins je crois en l’idée de l’art numérique comme spécifique. Je conserve une vision romantique, proche des arts plastiques. C’est un outil fascinant qui remplace la peinture, mais ça n’est que ça. » C’est peut-être « la » raison qui fait que Nicolas Clauss réussit si bien à transiter du « virtuel » au « réel »…

Un tableau numérique de la mémoire collective

Son dernier projet, « Or not toupie », a ainsi transité par la Gare Coustellet puis la MJC d’Apt, avant d’intégrer la Cité du Livre d’Aix-en-Provence, puis, à terme, de rejoindre l’Internet. Cette installation visuelle et sonore composée d’un triptyque d’œuvres générées sur un mode aléatoire est là aussi issue d’un travail collaboratif entrepris avec une centaine de personnes rencontrées tout au long de l’année 2007. Cette fois-ci, l’artiste a fait plancher ses interlocuteurs sur la question de l’enfance : « Qu’est-ce qu’un enfant ? Qu’est-ce qu’un adulte ? Quels liens entretenons-nous avec ces deux dimensions ? Comment s’articulent-t-elles ? » Rejaillissent les poupées, les dessins d’enfants, les jouets de bois ou d’anciennes photographies vieillies par le temps, dont l’artiste se sert pour former sa vision personnelle d’une mémoire collective de l’enfance. En collaboration avec Arte France, « Or not toupie » se prolongera naturellement sur le Net. « Or not Toupies Suites », en cours de finition, fera émerger le pan interactif et manipulable de l’œuvre.

En attendant, on peut profiter en ligne du dernier arrivé de la série flirtant avec le surréalisme des « Flying Puppet », « Side Effects ». Cette œuvre de commande pour le collectif Year01 autour du thème « Vagus Nerve » (le nerf vague en bon français) a été censurée par le site canadien, qui a pris peur du détournement d’une téléconférence d’entreprise (son projet part du VNS, le Vagus Nerve Stimulation, un boîtier qui stimulerait un nerf pour le traitement de la dépression). Se composant d’images, de poupées, d’articles de presse et autres insolites entremêlés dans un tableau numérique à l’interaction incertaine, l’œuvre rejoint donc le site originel de l’artiste, entre net-art et vidéo interactive. Car dans tout le travail de Nicolas Clauss, on ne sait jamais trop bien qui contrôle quoi.

aude crispel 

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écrit le < 12'03'08 > par < info iTH drame.org >

Nicolas Clauss et Jean-Jacques Birgé participent ce vendredi (14 mars) à 20h30 aux "WormHoles An2 Coïncidences" à L’Échangeur de Bagnolet (59, avenue du Général de Gaulle, 93170 Bagnolet. M° Galliéni).

Birgé retraitera en temps réel les sons de "Jumeau Bar", ajoutera sa voix aux "White Rituals" et jouera du Tenori-on sur "L’ardoise", tandis que Clauss interviendra interactivement sur ces modules originalement créés pour le site Flying Puppet ou en installation, ici projetés sur grand écran.

Programme complet de la soirée : "Improvisations Préméditées" avec la percussionniste Mirtha Pozzi, le zarbiste Pablo Cueco et Etienne Bultingaire au pupitre électronique "Entre eux deux" avec le violoncelliste Didier Petit (qui organise l’évènement) et le chorégraphe Mic Guillaumes "Duo Impromptu Opus n°1" avec Jean-Jacques Birgé et le peintre interactif Nicolas Clauss "Solo Impromptu Opus n°2" avec le guitariste Jean-François Pauvros