Après Serge De Laubier et Chritian Eloy à la Rock School Barbey de Bordeaux, Michaël Sellam au CSC Saint Pierre et Scénocosme à la médiathèque de Gradignan, ce quatrième « Jeudi Multimédia » poursuit sa vocation à amorcer l’échange. Quand un concepteur de dispositifs interactifs visuel et musical, Blue Yeti, rencontre un programmeur hypercréatif, Julien V3ga, il en ressort un « Jeudi Multimédia » qui redéfinit le tag et le graff en rendant obsolètes les bonnes vieilles bombes de peinture.

Une utopie du réseau en pratique

A l’initiative de ces rencontres, Média-cité. Son directeur, Gérald Elbaze, et l’une de ses collaboratrices, Marianne Massaloux, nous en expliquent l’enjeu : « Il s’agit de rendre possible des projets, faciliter l’accès, faciliter l’appropriation et si possible l’appropriation critique ; c’est pour cela que nous travaillons avec des artistes, car ce sont eux qui nous permettent de développer un regard critique sur la société de l’information. » Cet acteur incontournable de la culture multimédia, avec ses 72 structures adhérentes (dont la moitié hors du territoire aquitain), met en pratique une utopie de réseau où l’interconnexion, la collaboration et l’arborescence se conçoivent en hypertexte, où « tout se nourrit de tout ». A l’origine programmée dans ses propres locaux au Carré des Jalles, les « Jeudis multimédia » sont naturellement devenus mobiles. Pour créer des liens, multiplier les lieux d’accès de la culture multimédia, croiser, proposer et toucher un large public… L’itinérance comme objectif d’aménagement et non comme saupoudrage. Résultat : un moment quasi intime où le spectateur, dans l’assimilation d’une démarche artistique, s’implique dans une réflexion sur les usages, les enjeux et les outils du multimédia, au-delà de la simple monstration technologique.

Au programme de cette quatrième soirée, sous-titrée « Espaces tangibles de créations », la présentation de « Vitual Tag ». Une installation interactive qui, par l’intermédiaire d’un crayon-laser, permet de taguer toute surface urbaine (ou paysagère) sans craindre une once de représailles policières. Cette création du collectif Blue Yeti, composé de Jean-Michel Couturier (compositeur, électroacousticien et docteur-ingénieur) et Magnolya Roy (créatrice en arts graphique et ingénieur en design industriel) est une illustration des réflexions qu’ils mènent sur le multimédia et les nouvelles technologies : « Concevoir des dispositifs interactifs innovants pour des usages culturels, éducatifs et artistiques. » L’occasion aussi de (re)présenter leur interface Grapholine, un hybride entre la palette graphique et l’instrument de musique.

Bulles de lampes à magma

Julien V3ga, alias Julien Gachadoat, membre fondateur du studio de création 2Roqs, prendra le relais avec un « livecoding » (programmation en direct) de son application « Vision Factory » et une démonstration des différents projets qui ont découlé de ce programme. Comme nous l’explique son concepteur, cet outil s’intègre « dans la mouvance du processing et de l’open Frameworks ». Basée sur une architecture de module que l’on peut intégrer et/ou remixer, cet outil puise toutes les ressources disponibles de l’ordinateur pour créer des visuels. Des séquences de ce programme ont d’ores et déjà servi lors de collaborations avec, entre autre, le Nokia Trends Lab et le studio Impérial Leisure pour la réalisation d’une animation projetée où les photographies de téléphones portables envoyées par Bluetooth s’inséraient en temps réel dans un décor fait de bulles de lampes à magma.

La mise en place d’un « Jeudi multimédia » est avant tout une collaboration, une co-construction en rapport étroit avec les activités du lieu qui l’accueille. Ainsi, programmé (sous réserve) le 19 juin, Miguel Chevalier se fera l’écho d’un projet élaboré par la ville d’Artigues, en proposant « Sur-natures » à la médiathèque Gabriela Mistral.

aude crispel