Pop’live, le tour des concerts et soirées de la quinzaine à ne pas rater.
Pop’live, le tour des concerts et soirées de la quinzaine à ne pas rater.
Alison Mosshart et Jamie Hince, de retour à Paris pour deux dates sold out, pour présenter leur épatant quatrième album. © DR
< 11'03'11 >
Sortez ! The Kills, Mogwai, Ricardo Tobar, Planet E, Gonzaï...
(Pop’live) Pas de bol : les deux concerts ultrarecommandés de la quinzaine sont complets. Mention spéciale au show des Kills à la Flèche d’or, dont les places sont parties en moins de deux minutes mardi dernier… pour se retrouver illico à cinq fois leur prix sur eBay. Une spéculation dont Paris n’a pas le privilège, James Murphy s’est même fâché tout rouge contre les « scalpers » qui ont fait le même coup à LCD Soundsystem pour leur concert au Madison Square Garden de New York. Mais qu’à cela ne tienne, on a quand même trouvé de quoi vous faire mettre le nez dehors. On commence par une blague : Beady Eye (13/03, Casino de Paris), le nouveau groupe abscons de Liam Gallagher, ex-Oasis. C’est sans intérêt (et complet, allez comprendre) mais ça reste l’occasion de lire les formules à l’emporte-pièces d’une des plus grandes gueules du rock anglais. On aime particulièrement celle-ci, piochée dans une interview aux « Inrockuptibles » : « C’est juste du putain de rock’n’roll. On ne va pas s’amuser à entrer dans une phase africaine ou un truc du genre, avoir une putain de phase batteries du Burundi, juste pour le principe. » Ben non, hein, autant refaire le même disque en plus mauvais à chaque fois ! En revanche, c’est rien que du plaisir qui se profile pour la nuit consacrée au label Border Community (ce soir au Batofar). Même si l’on attend toujours de pied ferme les nouveaux albums des parrains James Holden et Nathan Fake, concentrés sur leurs interminables tours du monde des clubs et la production de maxis et de remixes en général insensés, on sera très content d’assister au live du Chilien Ricardo Tobar, connu pour sa « baléarisation » du corps et de l’esprit (le son Border Community emprunte autant à l’esprit shoegaze qu’aux torrents scandinaves à la Lindström) et au DJ-set de Luke Abbott. La péniche devra être solidement amarrée. Mogwai ou Gonzaï ? Le 17/03, les Ecossais à hoodies affichent complet au Trianon et c’est bien normal : leur septième album, sobrement baptisé « Hardcore will never die but you will » (pas faux…), est une de ces déambulations soniques dont ils ont le secret. Tour à tour orageux, extatique, stratosphérisé, le « post-rock » des Glaswégiens n’en finit pas de remuer, quatorze ans après des débuts tonitruants. Un grand groupe taiseux (deux chansons au vocoder quand même) à rattraper d’urgence sur les scènes des festivals. Mogwai - « Mexican Grand Prix » (2011), réal. Danny McConnell : Plutôt que pleurnicher sur les coups au plexus que Mogwai ne vous infligera pas, allez donc vous exciter à la Java avec la bande de Gonzaï. Pour fêter ses quatre ans, le webzine qui ne mâche ni ses mots ni ses pseudos (Bester Langs, Little Johnny Jet, Charles Von Strychnine…) convie à une bruyante soirée forcément baptisée Fear & Loathing #2 (à ce propos : jetez-vous sur les dernières traductions de Hunter S. Thompson parues chez Tristram). Au programme, un aperçu de la scène parisienne à guitares : The Oscillation, les grands Kill For Total Peace, The Finkielkrauts et la furia garage Catholic Spray. L’occasion de saluer la belle réussite de ce site démarré dans une chambre de bonne et qui revendique aujourd’hui 150.000 visiteurs uniques par mois, est partie prenante du projet Green Room Sessions et a lancé il y a bientôt un an une revue numérique bien fichue, « Luxe intérieur », avec les éditions Le Diable Vauvert. Seule ombre au tableau : évidemment, personne ne se paie. Mais ça se saurait, si les sites culturels de goût en France généraient de l’argent… Décidément riche, cette soirée du 17/03, puisque les décibels nippons envahiront les murs de la Gaîté lyrique pour une soirée en deux temps. A 19h, projection du documentaire « We don’t care about music anyway… », signé Cédric Dupire et Gaspard Kuentz. Sobriété des plans, séquences qui laissent du temps à la musique et aux musiciens, exploration parfois expérimentale des différentes strates de la scène tokyoïte, ce film (80’) offrira un excellent hors-d’œuvre aux concerts qui suivent. A commencer par une figure du turntablism, Otomo Yoshihide, qui adore concasser les beats et en extirper un jus au goût amer, Sakamoto Hiromichi et son violoncelle, les échappées free-rock de Kirihito et L ?K ?O ?, autre turntablist mutant, déjà présent à Paris lors de la dernière édition du festival in famous carousel. « We don’t care about music anyway… », réal. Cédric Dupire et Gaspard Kuentz, bande-annonce : Le 18/03, on pourra filer au Showcase pour une soirée en famille, celle des 20 ans du label Planet E, fondé par Carl Craig qui, pour l’occasion, a réussi à faire sortir de Detroit son vieux compagnon de route Mad Mike Banks (le créateur du label Underground Resistance, toujours en guerre, lire une excellente interview ici), accompagné par John Dixon et Dj Deep. La techno renaît toujours de ses cendres… Avant-coureur d’un concert au Bataclan tout aussi complet, le passage des Kills à la Flèche d’or devrait faire taire les mauvaises langues qui attendent le groupe fashionisé au tournant (oui Jamie Hince épouse Kate Moss cet été) : le duo pose pour Zadig & Voltaire photographié par Hedi Slimane, vend son tube « Cheap and Cheerful » à la pub, mais sachez, bonnes gens radicales, que c’est pour financer ses disques et garder le contrôle de sa musique. Parce qu’il n’y a pas que dans la presse online qu’on tire le diable par la queue. « Blood Pressure » (sortie le 4 avril), quatrième album comme d’hab produit par Hince, met (un peu) en sourdine les guitares pour mieux revenir à un blues sulfureux et se découvrir un talent caché pour la ballade neurasthénique. Un disque qu’on a la chance de se passer en boucle depuis des semaines et qui ne cesse de se révéler à l’écoute comme un magnifique pied de nez aux branchés comme aux ayatollahs arty-radicaux. Sans se répéter, sans se caricaturer, loin de toute récupération, Alison Mosshart et Jamie Hince continuent leur chemin solitaire et singulier. Les Kills, on ne les enterre pas comme ça. The Kills - « Satellite » (2011), real. Sophie Muller : Concerts et soirées : 11/03 : I’m From Barcelona au Café de la Danse.
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