Jour 16 du récit d’expédition arctique d’Agnès de Cayeux et Maëlla Mickaëlle pour Poptronics, à partir de leur projet d’installation en VR « 360 notes prises au Nord », filmé en caméra 360 cet été au Groenland, avec Dark Euphoria et Bionic Bird.
Cairn surplombant le village d’Oqaatsut, baie de Disko, été 2023, photographié à la Game Boy. © Copyleft
< 12'07'23 >
Jour 16, Carnet de bord du cercle polaire, Mine de rubis

Le Carnet de bord d’Agnès de Cayeux et Maëlla Mickaëlle, qui tournent cet été au Groenland « 360 notes prises au Nord », s’arrête aujourd’hui sur les richesses du sous-sol groenlandais.

Jour 16, Carnet de bord du cercle polaire, Mine de rubis

Où il est question des ressources naturelles du Groenland et de la façon dont le territoire autonome débat de la question de leur extraction par des entreprises étrangères. En 2021, un grand tournant a été pris par rapport aux lois de 2013 : les Groenlandais ont voté contre le développement des projets de mines d’uranium et de terres rares. La mine de rubis, elle, est active, et ne pose pas de problématiques environnementales.

(liminaires)

noteA075

Ma passagère.

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Ma confidente.

noteC075

Mon affranchie.

(rêveries)

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J’ai étudié cinquante échantillons de moraines et de sables actuels ou quaternaires, provenant des districts de Ritenbensk, Egedsmunde, Holsteinborg, Sukkertoppen, Godthaab, Frederikshaab et Julianehaab. Les grains et quartz non usés sont toujours très nettement prédominants : 85 % à 90 % au moins. 90 % à 100 % dans la moitié des échantillons. J’ai rencontré trois échantillons : 1 % à 4 % de grains émoussés-luisants, façonnés dans l’eau et dans trois ou quatre sables du Tunugdliarfikfjord, 4 % à 10 % de grains ronds-mats sales, à ciment ferrugineux, remaniés des grès d’Igaliko. Les grains ronds-mats propres, récemment façonnés par le vent, sont rares ; 1 % ou 2 % en moyenne ; huit échantillons seulement en renferment plus de 3 %, un échantillon grossier de cryoconite, cette fine poussière déposée par les vents à la surface de l’Inlandsis, en contient, à l’échelle des grains les plus gros (0,6 mm), près de 5 %.

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Les marques d’action éolienne, peu sensibles sur les grains de sable, sont au contraire très nettes sur les blocs, ainsi qu’Hobbs (1931) l’a observé au voisinage du mont Evans. Là, les vents de tempête, qui sont surtout fréquents en hiver mais qui ne sont néanmoins pas rares en été, soufflent du glacier vers la périphérie anticyclone. Ils sont plus violents au voisinage même du glacier : la végétation est là très clairsemée ; une déflation intense s’exerce sur le matériel fluvio-glaciaire actuel.

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Enduits ferrugineux : leur épaisseur, à la surface des roches et blocs, est très faible, le plus souvent inférieure au millimètre. Ils sont parfois de couleur rouille (limonite), parfois de couleur lie-de-vin (oligiste) ; la limonite domine de beaucoup.

Ils se rencontrent en quatre cas principaux :

1_ Le plus souvent, sur les blocs, galets ou roches en place, sur le bord encore immergé ou récemment émergé de lacs temporaires ou permanents.

2_ Sur roc en place, sur le passage de filets d’eau actuels ou ayant coulé quelques semaines auparavant.

3_ Sur des fissures, sur les faces planes résultant de ces fissures, Et sur certains pans de roc en place. Dans ce dernier cas, il semble qu’il y ait influence de la nature de la roche (supposée riche en fer originellement) ; exemple : mur et lac des perdrix.

4_ Sporadiquement sur des cailloux emballés dans le limon sur des pentes, d’autres cailloux voisins ne sont pas ferrugineux, il est possible mais non prouvé qu’ici, la ferruginisation ne se soit pas faite dans le limon sur la pente mais antérieurement à la reprise du caillou, dans la coulée de pente.

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Certains blocs sont totalement enduits de rouille. Les plus gros blocs ont en revanche une partie seulement de leur surface rouillée. Dans ce cas, la partie la plus haute, nettement émergée même des plus hautes eaux, est incolore (non ferruginisée) ; ce qui confirme le rôle fondamental de l’eau. En quelque cas, la partie non ferruginisée n’est pas la plus haute ; ce qui s’explique par le fait que le bloc a, postérieurement à sa ferruginisation, basculé ; cette hypothèse est rendue plausible par le fait qu’on voit alors, sur le bloc ou à son voisinage, des marques de cryoturbation : sols polygonaux, fissuration par gélivité ; basculement de tranches délivrées ; en outre, seule une minorité de blocs ferruginisés a basculé, la majorité présente la disposition normale, le haut seul ayant échappé à la ferruginisation.


(Re)lire le Carnet de bord du cercle polaire : épisode 1, épisode 2, épisode 3, épisode 4, épisode 5, épisode 6, épisode 7, épisode 8, épisode 9, épisode 10, épisode 11, épisode 12, épisode 13, épisode 14, épisode 15.

agnès de cayeux 

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