pop’live, le tour des concerts et soirées de la quinzaine.
Concours Filmer la musique à la Gaîté lyrique : 3x2 places à gagner pour le jeudi 02/06 (« The Devil and Daniel Johnston » à 16h, « Better Than Something : Jay Reatard » à 18h, et « Kiss Love You » à 22h). Et 2 places à gagner pour la soirée du vendredi 03/06, avec FM Belfast, MEN, et Alladin. Aux plus rapides à envoyer un mail !
Sortez ! Darkstar, The Brothers Unconnected, Filmer la musique, l’Expérience japonaise…
(pop’live) Alors que tout le monde n’a d’yeux que pour New York, à Poptronics on regarde... le Japon. A l’heure où l’on apprend que la catastrophe de Fukushima est encore plus grave qu’on ne le craignait, une palanquée d’artistes de l’archipel trouvent refuge à Paris ces prochains jours. Et pas des moindres ! Egalement au programme roboratif de la quinzaine, deux festivals amis plus que recommandés : Villette sonique (on y reviendra) et Filmer la musique. De quoi respirer loin de l’écran, ses femmes de ménage, ses fœtus présidentiels, ses machos du clavier et ses Danois nazis.
Attention événement ! Sun City Girls est l’un des grands groupes de l’Amérique bizarre. Trempée dans le chamanisme de toutes origines, le jazz d’avant-garde, le bruitisme le plus virulent, voire le spoken word, la musique de ce trio américain a durablement marqué la scène noise et les déviances folk « ethnique » qui ont tant le vent en poupe aujourd’hui. A la tête d’une discographie pléthorique (plusieurs dizaines d’enregistrements, principalement sur cassettes et CD-R), ce groupe insoumis et insaisissable, trop méconnu de ce côté-ci de l’Atlantique, s’est sabordé en février 2007, à la mort de son percussionniste, le (n’ayons pas peur des mots) légendaire Charles Gocher.
Les deux frangins Bishop (Richard, grande figure des musiques improvisées, Alan, fondateur du label Sublime Frequencies, soit ce qui se fait de mieux dans le défrichage des musiques actuelles et les compilations folles d’incunables) seront exceptionnellement sur la scène des Instants chavirés pour une performance baptisée « The Brothers Unconnected » qui revisite le long parcours musical (27 années !) de Sun City Girls. Le concert sera précédé du très beau (et souvent hilarant) film-collage de Charles Gocher, « The Handsome Stranger ». Vous faites ce que vous voulez, mais vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous aura pas prévenus : nous, on y file ventre à terre !
Sun City Girls - « Trippin’ on Krupa » (live à Phoenix, 1988) :
Kode9 et son label Hyperdub jouent un rôle fondamental dans le regain de vitalité de la musique électronique londonienne. Avec Darkstar, passé récemment chez les vétérans Warp Records, c’est le dubstep qui se retrouve les jambes en l’air, troussé de belle manière par un duo malin aux influences très larges. Ces rejetons rêvés de Notwist et Four Tet goûtent les trames dub jamais dénuées de spleen et l’amour des mélodies pop. Le DJ Gilles Peterson, invité ce week-end à la Gaîté lyrique, les programme ce dimanche 22/05, et on dit youpi.
Darkstar - « Gold » (2010) :
Ce week-end, les amateurs de dimanche décalé, après avoir rempli leurs besaces de disques à la Cartonnerie pour Pitch Your Sunday et suivi quelques showcases (Gilb’R notamment), devraient finir l’après-midi dans la belle librairie-galerie des hauts de Ménilmontant. Le Monte-en-l’air accueille la quatrième édition du festival Music for Toys (22/05), que Poptronics suit de près. C’est gratuit, toujours à l’initiative du label MonsterK7 et ça débute à 17 heures avec Arthur Krakow, Lionel Fondeville, Carton Sonore et MiLK & Fruit Juice.
Bienvenue aux Japonais, donc ! Avec Keiji Haino, le silence et le bruit deviennent des matières palpables : le gourou noise nippon façonne sur scène et sur disque une temporalité et une texture à part, qu’il triture sa guitare électrique ou qu’il module sa voix, parfois jusqu’au sublime. Lors de cette performance (Grand Palais, 26/05), il fera découvrir ses toutes dernières expérimentations sur la voix, à relier à ses deux disques récents : le premier, enregistré dans une grotte et une église, concentré sur la force du chant intérieur, le second qu’il a conçu comme une conversation avec l’eau, la forêt et les environnements naturels.
Après le Super festival et avant Filmer la musique, un autre rendez-vous indé bien installé investit la Gaîté lyrique pour sa troisième édition : l’Expérience japonaise (28 et 29/05). Au programme, un panorama de la scène musicale, du kitsch électro-mambo de Tokyo Panorama Mambo Boys, sorte de Tito Puentes des antipodes en costumes bouffants lamés or, au garage millésimé des 5,6,7,8’s, en passant par les délurés De !nial, qui balancent leur 8bit en collants et masques de peluches, ou encore le batteur Doravideo et son show vidéo-machine percutant. Il y aura de tout pour ouvrir grand les oreilles et on pourra aussi faire son marché (disques, livres, vêtements…), voir en avant-première la deuxième partie de la déambulation de Paul Ouazan dans la capitale japonaise (« Un voyage à Tokyo », réalisé pour l’excellente émission d’Arte « Die Nacht ») et même apprendre à confectionner des gyozas ! Miam !
De !nial live, Tokyo janvier 2011, réal. Franck Stofer :
Enfin, un retour et pas des moindres : celui de Nisennenmondai (Glaz’art, le 02/06), soit le trio expérimental japonais favori de Poptronics. Trois musiciennes émancipées, dont la musique instrumentale nervée de percussions est parmi les plus euphorisantes et libres qu’on puisse entendre. Bonne nouvelle : un nouveau disque arrive dans la foulée ! Miam (bis) !
Joakim, musicien-DJ aux idées larges, et Camille Henrot, artiste elle aussi en perpétuelle quête de nouvelles expériences (photographie, installations, films collages) ont souvent travaillé ensemble. Le 28/05 au centre Pompidou, ils revisitent le cinémix : Joakim et son groupe The Disco plaqueront leur rock électronique et magnétique sur le film « Psychopompe », hommage cut-up et référencé au mythe de Frankenstein.
Kode9 (encore lui) se retrouve en plein air au festival Villette sonique (29/05). Cette édition 2011 (du 27/05 au 01/06) alterne avec bonheur nouvelles têtes encore rares en France (l’un des chocs 2010, Sunns, après une première date qui restera dans les annales au Point éphémère cet hiver), vieux de la vieille qu’on se réjouit de revoir (Half Japanese, Current 93, The Fall ou Glenn Branca), et figures contemporaines comme on les aime, d’Animal Collective, à nouveau sur la brèche après les expériences solos remarquées d’Avey Tare et Panda Bear, au Chilien Parisien d’adoption Matias Aguayo ou Caribou, à la fois présent live dans le parc de la Villette et en DJ-set dans la Grande Halle.
Caribou - « Odessa » (2010), réal. Videomarsh :
Pour fêter son cinquième anniversaire, la joyeuse bande de Filmer la musique quitte les berges du canal Saint-Martin pour investir la Gaîté lyrique (du 31/05 au 05/06) : ce changement géographique ne devrait pas entamer les fondamentaux de ce festival qui continuera de creuser les relations entre cinéma, musique, performance et multimédia. On a repéré, parmi les documentaires, « Half Japanese, The Band that Would Be King », de Jeff Feuerzeig, consacré aux lunaires frangins Jad et David Fair, « Who is Harry Nilsson ? », la vie et l’œuvre d’un grand compositeur du circuit folk et pop américain sixties (et noceur invétéré), « Upside Down - The Creation Records Story », l’histoire du label qui a propulsé My Bloody Valentine, Ride, récupéré Primal Scream et The Jesus And Mary Chain, et surtout eu les coudées franches grâce à la pompe à fric Oasis (en présence d’Alan McGee, fondateur du label).
Les amateurs de dubstep iront voir « Bassweight », documentaire béton consacré à cette scène. Et puis, entre autres pépites, l’étonnant « Tristan et Iseult » d’Yves Lagrange, curiosité surréalisante 70’s en diable produite… par Pierre Cardin ! Côté concerts, Filmer la musique privilégie comme dab les formations flirtant avec le DIY et le post-psyché de (Spectrum, projet de Peter Kemper-Sonic Boom-Spacemen 3, ou Moon Duo et sa relecture du rock planant. Versant électronique, Egyptrixx présentera en live son électro acide, et Matthew Dear avec sa formation complète, son funk électronique. En ouverture, Koudlam, notre performer-rockab-francilien-préféré, viendra faire les 400 coups sur les nouvelles vidéos de son compagnon de crime, Cyprien Gaillard. Un aperçu fort bizarro ici :
Koudlam - « New Order » (2011), réal. Cyprien Gaillard :